C'est le fait que Rivoire sucre tous les passages liés à la responsabilité directe des services français, surtout la DGSE, qui est mystérieux. Pourquoi avoir zappé l'épisode des contacts GIA-DGSE, soit à l'ambassade avec l'émissaire du GIA “Abdallah”, soit l'émissaire français qui a rencontré Zitouni au maquis ? Pourquoi pas un mot sur la guerre des clans, franco-française, entre Juppé et Pasqua qui a précipité l'exécution des moines par le GIA ? “Qui tue qui ?” revient ce soir. Canal + a donné carte blanche à un des chantres de cette thèse pour “enquêter” sur l'assassinat des moines de Tibhirine et ses conclusions sont tout aussi fantaisistes qu'hallucinatoires. “Le crime de Tibhirine” est le titre de ce documentaire qui s'apparente facilement à la fiction. Jean-Baptiste Rivoire, dont c'est le troisième opus qui traite de ce sujet (après ceux de 2001 et 2004 pour la même chaîne !) nous sert la soupe habituelle que ce n'est pas le GIA qui a trucidé les moines trappistes, mais bel et bien le DRS. Un sujet qui prêterait à l'hilarité s'il n'y avait pas eu mort d'hommes exemplaires qui avaient décidé de rester dans leur monastère malgré le risque islamiste. Mais voilà, Jean-Baptiste Rivoire en a décidé autrement et continue sa croisade contre l'armée algérienne, accusée de tous les maux, en lavant les crimes du GIA. Une thèse qui peut se résumer ainsi : c'est le DRS qui a exécuté froidement les 7 moines dans une caserne. Leur kidnapping a été organisé par l'ex-“émir” du GIA, Zitouni, qui n'était en fait qu'un agent du DRS et exécuté par Abderezak El-Para qui est aussi un agent du DRS. Le tout sous la subversion du général Smaïn, patron du contre espionnage qui, au passage, est décédé et n'est plus là pour se défendre. Donc, tous DRS, et après cela, il faudra changer de boulanger de crainte qu'il soit aussi agent DRS. Il serait trop long de revenir sur les mobiles fallacieux et les arguments absurdes avancés par des “témoins” anonymes, remplacés par des acteurs et qui ont “témoigné” dans ce documentaire en contrepartie d'un asile politique ou d'une subvention de la production. Le procédé a déjà été utilisé et on ne fera pas procès à Rivoire de penser ce qu'il veut. Son autisme journalistique sur ce sujet est archiconnu et sa haine de l'Algérien tout aussi courue à Paris. Mais c'est le fait que Rivoire sucre tous les passages liés à la responsabilité directe des services français, surtout la DGSE, qui est mystérieux. Pourquoi avoir zappé l'épisode des contacts GIA-DGSE, soit à l'ambassade avec l'émissaire du GIA “Abdallah” (voir article ci-dessus), soit l'émissaire français qui a rencontré Zitouni au maquis ? Pourquoi pas un mot sur la guerre des clans, franco-française, entre Juppé et Pasqua qui a précipité l'exécution des moines par le GIA ? Pourquoi ne pas parler, déontologie oblige, des divergences entre la DGSE, la DRM et la DST qui, chacune de son côté, a voulu s'approprier le dossier au point d'avoir compromis les recherches ? Un début de réponse vient maintenant d'Algérie et le comble pour les “qui tue qui ?”, grâce à la réconciliation nationale. Des repentis, des anciens membres du GIA, des documents et des cassettes compromettantes pour Paris sont révélés et qui éclairent, d'un jour nouveau, un dossier complexe que le secret-défense français ne saurait protéger plus longtemps. Après les mallettes africaines bourrées d'euros, le temps viendra pour déterminer les responsabilités françaises au plus haut niveau et ce sera une affaire qui fera plus de dégâts que celles de Bourgi, Takieddinne ou Djouhri. En attendant, la théorie du complot DRS de Rivoire a fait imploser les limites du raisonnable puisque ce documentaire n'a été réalisé que pour s'en prendre à une institution qui a réussi à détruire le terrorisme islamiste où qu'il se trouve même à Paris !