Routes impraticables, raccordement au réseau de distribution de gaz, indemnisation des propriétaires de terrains occupés par les projets d'intérêt public sont autant de problèmes posés par les manifestants. En l'espace de vingt-quatre heures, il a été enregistré pas moins de six mouvements sociaux dans la wilaya de Béjaïa. Si la population a, dans son écrasante majorité, royalement ignoré l'énigmatique appel du 17 septembre, un début d'escarmouches a eu lieu en début de soirée dans la ville d'Akbou, mais sans trop durer. Dans la matinée d'hier, la wilaya de Béjaïa a été coupée du reste du pays. Les populations de plusieurs communes ont procédé à la fermeture des RN9, 26 et 12 pour remettre sur le tapis des revendications qui remontent, pour certaines, au début des années 1990. à Tichy, les habitants des villages El-Maaden et Tassift ont fermé la RN9 reliant Béjaïa aux wilayas de Jijel et de Sétif. Ils posent un problème d'assainissement, qui empoisonne la vie des villageois, accentué par l'absence d'avaloirs et d'éclairage public. Toujours à l'est de Béjaïa, les habitants de la zaouïa de Sidi Ali Labher ont bloqué la route au niveau du pont Skala — pas loin des Quatre chemins — empêchant ainsi ceux qui viennent de la daïra d'Amizour de rejoindre le chef-lieu de wilaya. Ils réclament également des travaux d'assainissement et la réparation des routes devenues impraticables. C'est une situation qu'ils déclarent vivre depuis vingt ans. Les responsables, qui se sont rendus sur place, ont affirmé qu'un avis d'appel d'offres sera déposé demain à l'Anep. Les travaux devraient commencer après la procédure légale. Mais les manifestants ne l'entendent pas de cette oreille. “On leur accorde un délai de 21 jours. Sinon, on revient à la charge.” La route reliant Béjaïa à Alger par Akbou a été coupée au niveau de Melala, à la sortie ouest de Béjaïa. Les manifestants réclament, selon nos confrères de TSA, de l'eau potable, l'amélioration de l'état des routes, le gaz naturel, etc. La wilaya de Béjaïa, a-t-on rappelé, enregistre un retard considérable dans le développement. Les routes saturées sont en très mauvais état, les délestages d'électricité sont récurrents en été comme en hiver et le taux de raccordement au gaz est l'un des plus faibles à l'échelle nationale. Il est même loin de la moyenne nationale. à Adekkar, la population a récidivé, hier matin, en fermant les sièges de l'APC et de la daïra, mais aussi de toutes les administrations déconcentrées de l'état, à l'instar de la recette des impôts, la poste, la DUC, etc. Ils exigent “un plan de développement conséquent de leur commune”. C'est la deuxième fois en moins d'une semaine que les habitants de cette localité ferment les sièges de ces deux institutions. La première action a été menée mardi dernier. Cependant, c'est l'affichage, mercredi, de la liste des 80 pré-bénéficiaires de logements sociaux qui a précipité les choses et fait monter d'un cran les tensions. Selon quelques manifestants, les listes sont entachées d'irrégularités. On parle “d'un clientélisme avéré” en citant le cas de certains pré-bénéficiaires qui sont dans le besoin. Les habitants de certains villages des communes de Bouhamza et de Tamokra ont bloqué, quant à eux, l'accès au barrage de Tichy Haf. Ils réclament les indemnisations de leurs terrains, qui ont servi à cet important projet. Autre mouvement social, la grève illimitée déclenchée par les travailleurs de l'Entreprise de transport urbain de la wilaya de Béjaïa. Ils réclament une augmentation de salaire de 40%, qui passe par l'élaboration d'une nouvelle grille des salaires. En deux mois de salaire, il y a eu des écarts de 3 000 DA. Ils exigent aussi le paiement de leurs primes. Le directeur de l'Etub estime que certains points, contenus dans la plate-forme de revendications, relèvent de ses prérogatives. Ce n'est pas des autres revendications, qui sont nationales, a-t-il expliqué.