Il est de ces hommes qui nous quittent sur la pointe des pieds sans rien nous dire de ce qu'ils endurent en silence comme souffrance afin de nous épargner la douleur du chagrin et le poids de l'inquiétude. Ainsi en a été de notre ami et compagnon de lutte Nour Ould Amara, enseignant et linguiste de formation, spécialiste de langue berbère. Il vient de nous quitter à 46 ans en ce sombre 20 septembre passé dans un hôpital parisien. Il était bon, généreux, disponible et taillé dans des qualités humaines exceptionnelles. Infatigable et perspicace, Nour s'est toujours attaché pour porter encore plus haut le niveau linguistique de sa langue. Il fera ses premières classes d'enseignant en Algérie avant de s'installer en France. À travers l'écran de la BRTV, il institua un cours télévisuel quotidien avec autant de techniques pédagogies que seul lui avait le secret et l'abnégation. À l'heure de la diffusion du cours, nombre de téléspectateurs le suivaient assidûment. Ses élèves apprenants le suivaient de partout en Algérie, au Maroc, en Tunisie, en Libye et même au Niger. La communauté berbérophone installée en Europe et aux Amériques lui était toute ouïe. Mais bien plus encore des enseignants de la même langue complétaient et perfectionnaient leurs assises linguistiques en suivant eux aussi ses cours magistraux qu'il prodiguait suivant des procédés communicatifs très étudiés, ce qui diluait les légères variantes de la même langue étalée sur autant de pays d'Afrique du Nord. Avec Nour Ould Amara les prémices d'un enseignement d'une langue pan berbère se mettaient en place petit à petit. Il était également un fin traducteur de dialogues de films et autres documentaires dont les droits de diffusion étaient achetés par la même BRTV. Le plus délicat travail de traduction qu'il réalisa et qui restera dans les annales de la technique de traduction de sens est la série documentaire traitant des explications et des démonstrations scientifiques intitulée C'est pas sorcier.