Après une entrée en la matière assez délicate, sous la forme d'une première année au bilan tout juste mitigé, pour ne pas dire décevant, le paysage footballistique algérien, dans son nouvel habit professionnel, semble enfin muer dans le sens voulu par les instances qui ont concocté son mode d'emploi. Il y a à peine une dizaine de jours, il y avait l'USMA et les autres. La Ligue 1, son bouclier de champions, ses lauriers comme ses grosses pointures appelées stars du circuit lui étaient promis. Les quinze autres clubs en mode Spa devaient se contenter du peu qui restait. Mais l'avènement du groupe italien Edil Pelicano au Mouloudia d'Alger et les velléités du groupe Dahli qui lorgne du côté de Belouizdad semblent être en mesure de contester l'hégémonie annoncée de l'USMA et de donner au professionnalisme, tel que voulu par Mohamed Raouraoua, sa pleine mesure. Bien que nous n'en soyons qu'au premier pas de ce qui pourrait constituer le basculement de nos clubs les plus populaires dans le vrai monde du professionnalisme, avec tout ce que cela sous-entend comme nécessité de cohabitation des managements financier et sportif avec cette indispensable projection dans l'avenir proche et l'exigence d'une double-prévoyance à moyen et à long termes, l'intérêt suscité par le MCA et le CRB devrait en appeler d'autres et faire des émules. D'autant plus qu'après une première année de transition, où les éventuels opérateurs économiques ont fait beaucoup plus dans le wait and see que dans l'investissement direct dans les sociétés sportives par actions nouvellement créées, l'accord de rachat de la majorité des actions par les Italiens d'Edil Pelicano plante un décor assez prometteur pour les autres pensionnaires de la Ligue 1. Car, si le Mouloudia d'Alger, avec tous ses problèmes à répétition, ses interminables conflits internes, ses résultats sportifs en dessous des attentes et ses scandales liés pour la plupart à un mode de gérance indigne d'un club aussi prestigieux, a gardé son pouvoir d'attraction entier, d'autres clubs, plus stables et mieux managés peuvent également croire en des lendemains meilleurs. Surtout que dans le même temps où Sid-Ali Aouf était intronisé nouveau P-DG du MCA par les mécènes Italiens qui ont promis d'injecter dix millions d'euros dans les caisses du club en contrepartie du rachat des deux tiers et donc de la majorité des actions, le groupe Dahli, spécialisé dans l'hôtellerie, affichait ses ambitions claires de l'acquisition d'un autre club algérois, le Chabab de Belouizdad. Ce mini effet boule de neige, qui laisse croire qu'au moins trois clubs de l'élite algérienne, à savoir l'USMA, le MCA et le CRB, termineront l'année civile en cours avec autant d'ambitions sportives que de réserves dans les caisses à la faveur des arrivées successives des groupes Haddad, Pelicano et Dahli, laisse toutefois perplexe, d'un point de vue “géostratégique”. Il est, en effet, assez équivoque, voire énigmatique que seuls les clubs algérois attirent, pour l'instant, de gros investisseurs. Il est vrai que certains présidents de clubs donnent la nette impression d'agir en véritables épouvantails capables des coups les plus bas pour que certains projets d'investissement n'aboutissent jamais et qu'ils conservent la mainmise sur ce qu'ils considèrent comme des chasses gardées ; il est tout aussi vrai que cette embellie financière, initiée par les groupes Haddad et Edil Pelicano, devrait logiquement faire des rivaux, notamment à l'est et à l'ouest du pays, où des clubs du standing de l'ESS et du MCO pourraient légitimement devenir de véritables locomotives régionales. Cela d'autant plus que l'imminent décret gouvernemental, obligeant les clubs à ouvrir leur capital social à tout investisseur, devrait rassurer les multinationales, les groupes privés et autres opérateurs économiques, surtout avec les mesures d'accompagnement annoncées et mises en vigueur par le ministère de la Jeunesse et des Sports d'El-Hachemi Djiar. Il ne resterait, dès lors, à ces investisseurs intéressés par le challenge financier, médiatique et sportif de la Ligue 1, que de racheter la majorité des actions des clubs courtisés pour être ensuite assurés d'avoir la mainmise sur ces Spa et mettre en place le plan de marketing souhaité, à même de s'assurer, dans des délais respectables, un rassurant retour sur investissement.