Le Dr Benbahmed, l'actuel président du conseil national de l'ordre des pharmaciens, n'a pas été tendre avec l'ensemble des intervenants du secteur du médicament, hier, lors d'une conférence donnée à Oran. Intervenant dans le cadre d'un cycle de conférences pour les pharmaciens inscrits à l'ordre, celui-ci ne pouvait occulter les graves perturbations et autres pénuries qui touchent aujourd'hui les médicaments vitaux : situation dramatique dénoncée par les malades. Ainsi, pour le Dr Benbahmed, une voix de plus qui s'exprime sur cet état de fait, s'il y a ces dernières années une dérégulation mondiale du secteur des médicaments, pour ce qui est de l'Algérie, “le problème vient du fait que les pouvoirs publics continuent à fonctionner avec des outils de régulation datant de l'époque du monopole avec des programmes d'importations annuels qui ne sont signés qu'en avril et mai, tout en imposant aux fournisseurs des quantités limitées”, dira-t-il. Pour ce dernier, l'une des solutions à adopter, d'ores et déjà, est de passer à des programmes d'importation pluriannuels et d'ajouter que les pouvoirs publics sont aussi tenus d'être plus exigeants avec les fournisseurs et les laboratoires pour qu'ils respectent leurs cahiers des charges et les quantités pour lesquelles ils se sont engagés. Le président de l'ordre évoquera encore une pratique délictueuse très répandue : celle de la vente concomitante des médicaments qui est imposée aux pharmaciens : “si les grossistes imposent, parfois, par la force ces ventes concomitantes, c'est qu'ils en sont eux-mêmes victimes ; une pratique délictueuse qui doit être dénoncée, mais c'est l'omerta !”. En effet, l'intervenant, devant un parterre de pharmaciens, dénoncera ce “silence complice” des pharmaciens qui n'osent rien dire de peur des répercussions et d'interpeller à ce stade le syndicat national des pharmaciens : “nous sommes un ordre et nous agissons sur les questions de déontologie, mais nous ne pouvons pas accompagner un pharmacien qui décide de déposer plainte, le syndicat doit agir dans ce sens et il faudrait juste qu'une affaire ou deux éclatent pour voir ces pratiques délictueuses cesser.” Le Dr Benbahmed évoquera encore la question des “produits cabas, des médicaments importés au noir qui donnent lieu aussi à un vaste trafic transfrontalier” et de citer “la pharmacie de l'aéroport d'Alger qui vend des produits cabas”. “Ce n'est pas de la délation que je fais, mais il faut dénoncer ce genre de pratiques”, dit-il.