L'ordre national des pharmaciens n'a pas caché ses craintes de son éventuelle «dissolution déguisée», dans le cadre du projet de la nouvelle loi sanitaire. Cette inquiétude a poussé les membres de l'ordre à proposer un complément au dispositif législatif, dans le cadre de la nouvelle loi sanitaire. Le président de l'ordre national des pharmaciens, Dr Lotfi Benbahmed a demandé, hier, lors d'une conférence de presse tenue au siège de l'ordre à Alger, l'introduction des dispositions transitoires garantissant la continuité de l'action des missions de l'ordre, dans l'attente de la promulgation du dispositif réglementaire «et ce, pour éviter la dissolution de l'ordre, tant réclamé par les lobbies des médicaments», a-t-il affirmé. Les membres de l'ordre ont affirmé que la corporation a son mot à dire, en ce qui concerne la nouvelle loi sanitaire. Ils avancent une série de propositions entre autres, la séparation des trois ordres (médecins, pharmaciens et dentistes) et proposent en outre, la désignation d'un magistrat issu du conseil d'Etat, pour assister le conseil national à travers sa commission nationale de discipline. Le but étant, selon les membres de l'ordre, de faire respecter les formes juridiques des décisions disciplinaires et garantir les droits de la défense. Ils réclament par ailleurs, l'intégration dans l'ensemble des conseils régionaux d'un pharmacien inspecteur représentant du ministère de la Santé. L'ordre exige en outre, le caractère obligatoire de la formation continue et le maintien de l'indépendance des ordres et le caractère exécutoire de ses décisions. Il réclame par la voix de son président, plus de concertation avec l'administration dans l'élaboration avant la promulgation de cette nouvelle loi sanitaire. Et demande à la tutelle d'étudier les propositions et de consulter l'ordre dans des affaires ayant un lien avec la corporation, et ce, pour éviter de tomber dans des erreurs déjà commises et qui ont créé et continuent de créer une véritable anarchie dans le secteur. Les membres de l'ordre ont, par ailleurs, dénoncé, les installations d'officines pharmaceutiques non réglementaires qui se sont multipliées dans certaines wilayas (Tipaza, Sidi Bel-Abbès et Oran), en dépit de l'opposition constante de l'ordre des pharmaciens. Selon Benbahmed, cet état de fait tend a assimiler les pharmaciens à de simples commerçants qui, victimes d'une concurrence féroce, sont tentés de commettre des actes délictuels (trafic de psychotropes, vente de médicaments sans ordonnance ). Pour Benbahmed l'installation des officines doit répondre essentiellement à des besoins purement sanitaire et médical, «la pharmacie n'est pas un commerce», a-t-il déclaré. En ce qui concerne les gardes qui continuent à poser problème notamment dans les régions isolées, les membres de l'ordre disent attendre toujours l'arrêté ministériel fixant les horaires d'ouverture et les modalités de garde des officines, qui n'ont pas été revus depuis 1995, sachant que le week-end a changé. Benbahmaed a affirmé que l'ordre des pharmaciens avait proposé, depuis déjà 2 ans, un nouvel arrêté tenant en compte du nouveau week-end, et permettant une adaptation régionale «mais, aucune suite n'a été donnée à notre proposition», a-t-il souligné. En ce qui concerne les 1.000 pharmacies Endimed qui sont passées sous tutelle du ministère de la Santé, l'ordre des pharmaciens propose leur cession aux jeunes, au lieu de se contenter d'un simple recrutement. Enfin, les membres de l'ordre tiennent à rappeler leur engagement pour combattre l'exercice illégal de la pharmacie «des dizaines de pharmacies, de sociétés de distribution et de laboratoires d'analyses ont été proposées à la fermeture pour location de diplôme, absence de pharmacien, directeur technique ou de pharmacien biologiste et deux pharmaciens à Alger ont été poursuivis en justice», a affirmé Benbahmed.