Résumé : Hamid est impuissant devant l'entêtement de Hakima. Cette dernière estime qu'elle est en droit de refuser les avances de Faouzi, et même des autres hommes. La société est loin d'être indulgente, et une fille dans sa situation, ne serait qu'un bouc émissaire. Malgré sa bonne volonté, Hamid ne réussira pas à lui faire comprendre que les temps ont évolués. 40eme partie Ils se quittèrent et Hakima rejoint sa chambre d'un pas traînant. Elle repense aux derniers mots de Hamid, et se dit que parfois la vie est complexe. Nawel était déjà rentrée, et lisait une revue : - Ah te voilà enfin s'écrie-t-elle à sa vue…On peut dire que tu n'as pas chômé aujourd'hui. - Du tout. J'étais en couverture au Palais de la culture….Un peintre….Un impressionniste avait exposé ses œuvres. - Bien. J'irais jeter un coup d'œil dans la semaine. Si cela en vaut la peine bien sûr. - Je t'y encouragerais. C'est tout simplement fabuleux. Un artiste qui promet dans son domaine. Nawel se lève et remarque l'air contrarié de son amie : - Qu'as-tu Hakima ? On dirait que tu viens de recevoir une mauvaise nouvelle. - De qui donc ? - Je ne sais pas moi… Du journal, de tes collègues… Hakima ébauche un sourire triste : - Tu sais bien que rien ne pourra plus m'atteindre Nawel. Ma vie n'a jamais été gaie. Nawel s'approche d'elle : - Il y a des moments où tu m'intrigues toi. Parfois tu es une femme accomplie, parfois tu prends cette air de bête blessée, qui couve un volcan. - Merci pour tes impressions… C'est vraiment motivant. - Mais je t'assure que tu n'as pas une tête agréable à regarder en ce moment. Hakima dépose ses affaires et relève ses cheveux : - Je suis fatiguée. Je vais prendre une douche et me mettre tout de suite au lit. La jeune fille la regarde un moment, avant de replonger dans sa lecture. Evidemment Hakima lui cachait beaucoup de choses, se dit-elle. NAWEL ET AMMIR… Deux jours passent. Nawel venait de terminer sa garde de nuit et s'apprêtait à rentrer chez-elle. Heureusement qu'elle était véhiculée, se dit-elle. Avec cette chaleur, le trajet jusqu'à la cité U ne serait pas de tout repos. Une fois au volant, elle s'engage dans une allée qui menait vers un raccourci, afin d'éviter l'autoroute, qui en ces heures de pointe, ne serait pas conseillée. La radio diffusait un morceau de musique classique, et Nawel s'en délectait. Elle aimait la musique sous toutes ses formes, et en faisait même une thérapie pour ses moments de cafard. Que serait le monde sans ces agréables partitions que des génies comme Bach ou Mozart ont pu capter des tréfonds secrets de la nature. Des vagues de musique la submergèrent. Elle se détendit et prend une longue inspiration. Elle se sentait fatiguée après une longue nuit passée auprès de ses malades. Mais tout compte fait, elle ne le regrette pas. Elle avait pu sauver in extremis, un enfant d'une intoxication alimentaire, et avait aussi prodigué des soins à des patients, qui l'attendaient dans son service. Parfois un simple geste apaisant atténue la douleur. Nawel reconnaissait que la médecine ne serait jamais une science exacte… Combien de fois le lui avait-on répété durant ses stages, et son internat. On avait vu des “miracles” se produire, et des médecins avisés, hésitaient souvent à prononcer leur diagnostic avant une période d'observation. Ceci quand le patient ne nécessite pas une prise en charge immédiate. Mais tout compte fait, la science s'avère tout même une arme contre les aléas qui peuvent affecter le corps humain. Elle revoyait encore le visage inondé de larmes de la maman de l'enfant intoxiqué. Cette dernière s'était mise à genoux devant elle et lui avait embrassé les mains pour la supplier de sauver son enfant. Un seul regard avait suffi à Nawel pour constater que l'enfant avait juste un pas à franchir pour se retrouver dans un autre monde, si elle ne faisait pas ce qu'il fallait dans l'heure qui suit. Elle avait alors relevé la maman et lui avait signifié qu'elle n'était pas Dieu, mais qu'elle allait faire tout ce qui était en son pouvoir afin d'éviter la fatalité. Un lavage d'estomac s'était alors avéré nécessaire, mais salvateur ! L'enfant avait vomis tout ses boyaux et s'était tout de suite après senti soulagé… Il avait repris des couleurs et avait demandé après sa maternelle. Nawel en larmes l'avait serré contre elle un long moment. La satisfaction du devoir accompli, l'avait imprégnée…C'est le visage radieux et le sourire aux lèvres qu'elle avait été annoncé la bonne nouvelle à la jeune maman. Un accidenté aussi sera sauvé par ses soins… Un jeune homme d'une vingtaine d'années qui conduisait une grosse moto à plus de 120/h et qui avait percuté un arbre. Sans son casque, ce jeune homme serait plus de ce monde… Mais s'il s'en était sorti, le garçon gardera longtemps les séquelles de sa folie… Nawel avait tout de suite détecté une hémorragie interne et s'était empressé de la faire juguler, avant de faire appel à un chirurgien pour une opération délicate du genou… Le jeune homme s'était fracturé la rotule, et une partie de son pied qui s'était coincé dans un amas de ferraille lors de l'accident. Le visage grimaçant de douleur, de ce jeune premier, l'avait ému… Elle imaginait bien mal, un aussi beau et aussi jeune garçon, passant le restant de sa vie à boiter. A coup sûr, après l'opération, la jambe sera plus courte et il n'y aura plus rien à faire… Mais cela valait tout de même bien mieux qu'un corps disloquer et sans vie. Ah ! ces jeunes fous lorsqu'ils s'y mettaient ! Combien de fois, ne s'était-elle pas retrouvée devant les corps sans vie de ces adolescent à peine sortis de l'enfance ? En tous les cas, pour la nuit dernière, elle pouvait s'estimer heureuse. Elle n'avait perdu aucun malade, ni blessé, et vers les premières heures du matin, elle avait pu se permettre une pause, car l'affluence du début de la nuit, s'était estompée. Avant de quitter son service, elle avait encore fait la tournée de ses malades pour s'assurer qu'aucun d'entre eux n'avait besoin de ses soins. Sa consultation terminée, elle attendit l'arrivée de la relève, avant de sauter dans sa voiture pour rentrer chez elle, afin de s'accorder quelques heures de repos bien mérité. (À suivre) Y. H.