Après la tenue du conseil national du syndicat des magistrats Ras El-Aïn paye son indépendance La décision de retrait de confiance au président du SNM a été votée à l'unanimité. La sortie fracassante de Mohamed Ras El-Aïn, au lendemain de la décision prise par la justice concernant l'annulation du congrès extraordinaire du FLN, lui a été fatale. Elle lui a tout bonnement coûté sa place à la tête du Syndicat national des magistrats (SNM). Ses anciens compagnons du bureau national du syndicat lui ont retiré leur confiance à l'issue d'une réunion qui s'est tenue jeudi dernier, à l'hôtel Es-Safir (Alger). Plus de deux tiers des membres de ce conseil, soit 21 sur 31, étaient présents. La sentence a été prononcée en moins d'une heure de palabres. La décision de retrait de confiance à Ras El-Aïn a été votée à l'unanimité. Trois autres décisions sont entérinées : la désignation de M. Djamel Aïdouni, le secrétaire général du SNM, comme président provisoire jusqu'à la tenue de la prochaine assemblée générale du syndicat, toute latitude est accordée au bureau exécutif actuel de préparer et d'arrêter la date de la prochaine assemblée générale et le lancement d'un appel au ministère de la Justice, aux instances officielles et à la presse de ne plus travailler avec Ras El-Aïn qui ne représente plus le syndicat. Ces trois décisions, assurent les acolytes de Aïdouni, ont été prises conformément aux articles 21 et 22 des statuts du SNM. Une fois les travaux du conseil terminés, le nouveau président du SNM a animé un point de presse, où il est revenu longuement sur les raisons qui ont motivé la décision de retrait de confiance à Ras El-Aïn. “L'ex-président du SNM n'a pas tenu sa promesse faite en marge de l'assemblée générale du 9 octobre 2003, à savoir ne faire aucune déclaration sans l'aval du bureau exécutif. Deux jours après seulement, il fera une sortie médiatique en qualifiant la décision de justice d'annulation du congrès extraordinaire du FLN d'un précédent grave, en traitant la magistrate qui l'a prise de traître et en parlant de la justice de la nuit. Déclarations qui ont porté atteinte à l'honneur des magistrats et de l'institution judiciaire”, a-t-il indiqué. Pour lui, le président du SNM n'a pas le droit de commenter les décisions de justice. Invité à donner son avis sur la décision du Conseil d'Etat, Aïdouni a adroitement évité le piège en refusant de faire le moindre commentaire. “Ce n'est pas dans mes prérogatives de faire une quelconque lecture juridique des décisions du Conseil d'Etat”, s'est-t-il défendu. “La politique ne nous intéresse pas”, a-t-il ajouté. À une question sur l'accusation portée par Mohamed Ras El-Aïn contre ses adversaires d'être à la solde du ministre du Travail, Tayeb Louh, Aïdouni répond : “C'est la conférence de presse qu'il a animée qui est téléguidée par une partie. Vous voyez bien, contrairement à sa sortie médiatique, il n'y a aucun ministre parmi nous. Nous sommes des magistrats, nous sommes souverains”. Pour ce qui est de la prise en charge des billets d'avion par le ministre de la Justice, Aïdouni dément catégoriquement ce fait en indiquant que c'est la partie qui a financé l'assemblée générale du 9 octobre qui en fait de même avec la réunion du bureau. Brandissant des bons de commandes de l'hôtel Es-Safir, il assure que c'est la commission des œuvres sociales du syndicat qui a honoré la note. Les magistrats eux-mêmes y ont participé. Malgré lui, il s'est trahi un peu plus loin en lâchant : “Même en son temps — celui de Ras El-Aïn —, nos réunions étaient prises en charge financièrement par le ministère de la Justice.” Autre grief retenu contre Ras El-Aïn, l'article 14 qui reconnaît à l'AG la prérogative d'élire le président du syndicat. “C'est un article qu'il a écrit lui-même le jour même de l'assemblée générale. Il ne figure pas sur le document des amendements préparé par le conseil national.” Pourquoi aurait-il ajouté cet article ? “N'étant pas élu à Alger comme délégué, il ne peut prétendre à la présidence. Aussi, il a trouvé ce subterfuge espérant se faire réélire par l'AG à la tête du syndicat comme président”, soutient Aïdouni. Pour ce dernier, son groupe a la majorité aussi bien dans le conseil national que dans le bureau exécutif. Selon lui, 7 membres sur 10 de ce bureau lui sont acquis. Autrement dit, son installation à la présidence n'est que justice. Reste à savoir si Ras El-Aïn l'entend de cette oreille en se résignant au fait accompli. Peut-être qu'il trouvera la bonne parade pour damer le pion, à son tour, à ses adversaires ? A. C. Le Président écrit au chef de l'état français Bouteflika brosse Chirac Le président algérien, Abdelaziz Bouteflika, a estimé que “les rapports” entre l'Algérie et la France “ont évolué positivement” depuis l'arrivée “à la tête de la République française” de M. Jacques Chirac, dans un message adressé au chef de l'état français, rendu public jeudi dernier. “La compréhension particulière qui existe entre le peuple français et le peuple algérien “a été” démontrée et encouragée par le succès extraordinaire de l'Année de l'Algérie en France”, souligne le président algérien. Cette évolution “devrait donner à notre coopération et aux liens qui nous unissent la possibilité d'atteindre le niveau que nous ambitionnons les uns et les autres”, constate M. Bouteflika dans ce message écrit après avoir rencontré, la semaine dernière, à Alger, le conseiller diplomatique de M. Chirac, Maurice Gourdault-Montagne et le ministre français de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy. “Vous représentez pour les Algériens un militant infatigable des causes des pays et des peuples du tiers-monde”, ajoute M. Bouteflika, rappelant l'“attitude courageuse (du président Chirac) dans l'affaire de l'Irak et au sujet de tous les problèmes du Moyen-Orient.” “Votre action en faveur de l'Afrique et le soutien permanent que vous apportez au Nepad (Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique) suscitent notre considération et notre reconnaissance, comme celles de tous les dirigeants africains”, souligne encore le président algérien. M. Sarkozy avait affirmé, à l'issue de sa visite à Alger, “la totale convergence de vue” entre l'Algérie et la France, tandis que M. Bouteflika avait indiqué qu'il “admirait beaucoup” l'action menée par M. Sarkozy, ainsi que les “efforts qu'il fait pour renforcer les relations entre la France et mon pays”.