Ses relations avec les hauts responsables du secteur se sont détériorées suite à sa position dans le conflit de la Sntf avec l'administration. Le désormais ex-président du SNM a dénoncé hier, lors d'une conférence de presse au siège d'El Watan, la décision du haut conseil de la magistrature qui a violé le droit de la défense. Ras El Ain a déclaré que la demande faite par son avocat, Miloud Brahimi, de reporter la décision pour lui permettre de préparer sa défense a été refusée. Aussitôt l'instruction du limogeage tombée, le 16 février, un recours auprès du Conseil d'Etat a été déposé par Ras El Ain. Dans ce sens, l'avocat Bourayou qui a accompagné le conférencier observe: «S'il y a un changement au sein du Conseil d'Etat, Ras El Ain peut avoir réparation. Mais, si cette institution reste telle quelle, je suis peu optimiste». Toujours en guise de riposte, Ras El Ain indique que s'il n'y a pas de réponse de la part des organisations gouvernementales, il sera question de saisir les ONG pour protéger le droit syndical. Commentant la décision du HCM, Bourayou s'interroge sur la célérité déconcertante avec laquelle ce dossier a été traité: «tout indique que cette affaire, dont l'aspect politique a pris le pas, a été ficelée auparavant». Pour l'ancien président du SNM, on cible par cette décision Ras El Ain le syndicaliste qui commence à déranger par ses prises de positions. Dans cette optique, le magistrat souligne que toutes ses activités, avant cette décision, relèvent du droit syndical reconnu par la Constitution. Le leitmotiv de ce combat, ajoute l'orateur, est la défense de l'indépendance de la justice. Toutefois, les rebondissements de cette affaire ont éclaté en mars 2003 lorsque Ras El Ain a revendiqué de doter la justice des moyens de son indépendance en passant notamment par le statut des magistrats. La relation entre Ras El Ain et les hauts responsables du secteur s'est détériorés suite à sa position dans le conflit de la Sntf avec l'administration. Le 30 octobre 2003, des membres du syndicat ont retiré leur confiance à Ras El Ain. Ce dernier affirme que seule l'assemblée générale est habilitée pour désigner le président du syndicat après l'élection. Mais la machine est déjà mise en branle. Le 02 novembre dernier, Ras El Ain, après 24 années d'exercice, est muté à Annaba sans attendre son consentement. Selon le conférencier, cette mesure constitue une violation à l'immunité syndicale consacrée par l'article 90/14. Ras El Ain précise que le rôle du HCM consiste à contrôler ses activités professionnelles et non pas l'activité syndicale. Les pressions montent d'un cran en début de cette année lorsque Ras El Ain a été convoqué par la cour afin de s'expliquer sur ses déclarations. Son dossier, ballotté entre la Cour suprême et le ministère de la Justice, lui a été refusé pour consultation. Ainsi, avec une rapidité inhabituelle, Ras El Ain est relevé de son poste de président de ce syndicat. Visiblement sous le coup de cette décision, Ras El Ain n'est, toutefois, pas prêt pour jeter l'éponge: «J'ai sacrifié mon poste pour défendre mes positions. Le combat va continuer car il y a d'autres magistrats qui vont prendre le flambeau pour défendre ces principes». A signaler qu'une réunion entre le SNM sous la houlette du nouveau président, Aidouni Djamel, et le ministre de la Justice a eu lieu avant-hier pour débattre des revendications socioprofessionnelles des magistrats.