Le recours à la protestation étant devenu, de nos jours, le “sport national” le plus pratiqué par toutes les corporations, ou presque : les enseignants, les praticiens, les cheminots, les… chômeurs, etc. Les architectes ne sont pas moins tentés de s'essayer à cette pratique, à ce “championnat national” qui s'avère de plus en plus “payant”. Entrant en lice, le conseil national de l'Ordre des architectes, (CNOA), revendique, de “mettre l'architecte dans ses missions légales conformément à la loi 94/07”. Soit, ce décret législatif régissant l'exercice de la profession, mais qui n'a “jamais été appliqué” dans toute sa rigueur. C'est la revendication phare formulée hier, par le président et le secrétaire général du CNOA, en l'occurrence MM. Athmane Touileb et Djamel Djemaï, au cours de leur conférence de presse tenue à la maison de la presse Tahar-Djaout d'Alger. La montée au créneau du CNOA se veut comme un “premier avertissement” aux autorités publiques, à leur tête le ministère de l'Habitat, selon les deux responsables privilégiant “d'abord la voie du dialogue et des négociations”. Dans le cas où leur alerte ne trouverait pas d'écho, les architectes, ces fonctionnaires libéraux, au nombre de 7 000 au niveau national, n'écartent pas de recourir à une action d'envergure… “À vrai dire, aujourd'hui, on est très embarrassé par la situation exceptionnelle que connaît le secteur de l'habitat dont le programme de constructions massives, très ambitieux, d'où nous privilégions plutôt les négociations. Mais, si la tutelle continue à négliger nos revendications, il est clair que nous allons recourir à une action de protestation”, a en effet, averti M. Djemaï, SG du CNOA, soulignant que “nous ne revendiquons pas plus que l'application effective des dispositions légales, et la participation des architectes à l'établissement des cahiers des charges”. Ces cahiers des charges, dénonce-t-il, qui ne favorisent pas la profession. Soucieux d'apporter leur pierre à l'édifice du programme national ambitieux engagé par le secteur de l'habitat, les architectes décrient, cependant, leurs conditions qualifiées de “contraignantes, et contraires aux dispositions légales, aux procédures normatives de la construction et de la production architecturale”. “Comment peut-on faire de la production architecturale lorsque l'architecte est exclu ?” s'interroge M. Djemaï, pour qui l'architecte est le seul, en tant que personne physique, répondant de ses actes et de sa responsabilité, à la maîtrise de l'œuvre. D'où d'ailleurs les accusations dont font souvent l'objet les architectes à chaque catastrophe, à chaque effondrement du bâti. Or, attestent les responsables du CNOA, dans les conditions auxquelles il fait face actuellement, l'architecte n'y est généralement pour rien. “Si les architectes sont responsables de la conception architecturale, ils ne sont pas seuls à assumer la responsabilité de la qualité de la production architecturale (…)”, explique le CNOA, qui réclame plus de considération à l'égard de l'architecte, ce “pivot”, ce “pilier” principal du bâti… Farid Abdeladim ARCHIT ALG 18-10-2011 12:53