Après avoir rendu un vibrant hommage aux martyrs de cette région qu'il a qualifiée de “sanctuaire de la lutte contre le colonialisme”, le ministre des Moudjahidine a rappelé la sauvagerie de la répression pratiquée par les hommes de Papon. Les festivités commémoratives du 50e anniversaire des évènements du 17 Octobre 1961, qui se sont déroulées hier à Tizi Ouzou, ont été une occasion pour les représentants du gouvernement ainsi que de ses organisations satellites qui y ont pris part de revenir, encore une fois, sur la “nécessité de la repentance de la France”. Dans sa longue intervention faite dans la langue de bois, le secrétaire général de l'ONM, Saïd Abadou, a surtout mis l'accent sur l'exigence de la repentance de la France comme préalable à toute évolution positive des relations entre Alger et Paris. “La France continue de mener une politique de fuite en avant et de ses responsabilités colonialistes, ce qui s'illustre par le maintien de la loi du 23 février aggravée par la déclaration de Sarkozy sur la date de l'indépendance de l'Algérie, mais la France devra faire sa repentance avec tout ce que cela sous-entend comme réparation avant de pouvoir améliorer positivement toute autre relation de partenariat”, a déclaré Saïd Abadou vers la fin de son discours consacré essentiellement au rôle des évènements du 17 Octobre dans la libération du pays du joug colonial. Après avoir rendu un vibrant hommage aux martyrs de la région de Kabylie, cette région qu'il a qualifiée de “sanctuaire de la lutte contre le colonialisme”, le ministre des Moudjahidine, Mohamed-Chérif Abbas a consacré le gros de son intervention à la description de la sauvagerie pratiquée par les hommes de Maurice Papon contre les manifestants algériens sortis porter la voix de la Révolution algérienne pacifiquement à Paris. Mahfoud Belabbès jette un pavé dans la mare Et de jurer que les puissances coloniales tentent toujours de revenir sous d'autres formes de colonisation, et qu'elles cherchent, selon lui, la désintégration des nations de l'intérieur. À ce titre, Chérif Abbas évoque “l'implication de ces puissances dans les révoltes arabes”. Comme si les peuples tunisien, égyptien, libyen, syrien et yéménite (et d'autres encore) n'avaient pas de raison de se soulever contre les dictatures qui régnaient ou qui règnent encore sur eux. Mais, avertit l'orateur, “toute réforme ou changement ne peut réussir que s'ils sont un fruit d'une conviction profonde d'un peuple”. Or, c'est précisément le cas dans la quasi-totalité des pays du Moyen-Orient et du Maghreb, mais le ministre des Moudjahidine feint de l'ignorer. Intervenant tout au début de la cérémonie, le président de l'APW de Tizi Ouzou, Mahfoud Belabbès, a pour sa part jeté un pavé dans la mare, certainement inattendu de la part des officiels partis d'Alger pour prendre part à cette commémoration. “En ce cinquantième anniversaire de cette douloureuse journée, il est surprenant de constater que les thuriféraires d'hier qui ont honteusement confisqué l'histoire nationale à des fins d'instrumentalisation et de légitimité de pouvoir reviennent encore qui pour réhabiliter Messali comme héros du combat libérateur qui pour dire exactement le contraire et l'accuser de traître à la patrie”. “Encore une fois, où est la vérité ?”, s'est-il interrogé. La réhabilitation de Messali est l'œuvre du chef de l'Etat, Abdelaziz Bouteflika, et celui qui l'a qualifié de “harki” n'est autre que le chef de l'ONM, Saïd Abadou, présent sur place. Il est à noter qu'outre le ministre des Moudjahidine, Mohamed-Chérif Abbas, deux autres ministres à savoir Daho Ould Kablia, ministre de l'Intérieur, et Moussa Benhamadi, ministre de la Poste et des Technologies de l'information et de la communication ont pris part à cette cérémonie qui a vu un afflux massif de membres de “la famille révolutionnaire”. Samir LESLOUS