C'est dans la wilaya de Tizi Ouzou que s'est tenue hier la commémoration officielle de la journée nationale de l'immigration, qui coïncide avec le 50e anniversaire des massacres du 17 octobre 1961 à Paris. Trois ministres ont effectué le déplacement dans la ville des Genêts, où à l'occasion a eu lieu la réouverture du jardin de la ville rebaptisé Jardin du 1er novembre et une autre place baptisée Place du 17 octobre 1961. Hormis le ministre des Anciens moudjahidine Mohamed Chérif Abbas qui est intervenu, les deux autres à savoir Daho Ould Kablia, ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, et Moussa Benhamadi, ministre de la Poste et des Technologies de l'information et de la communication, n'ont fait aucune déclaration. La délégation officielle composée notamment du premier responsable des Scouts musulmans, Noureddine Ben Braham, et des secrétaires généraux des organisations nationales Onec et ONM, en compagnie des représentants des autorités locales, à leur tête le wali de Tizi Ouzou et le P/APW, s'est rendue au niveau du carré des martyrs de M'douha. Sur place, des gerbes de fleurs ont été déposées à la mémoire des valeureux martyrs de la révolution algérienne de 1954 avant que les invités ne visitent le musée du Moudjahid, situé sur le même site. Lors de son intervention dans la grande salle de la maison de la culture Mouloud-Mammeri, Saïd Abadou, le secrétaire général de l'Organisation nationale des Moudjahidine (ONM), a insisté sur le fait qu'aucune relation d'amitié entre l'Algérie et la France ne peut se faire sans la reconnaissance officielle par la France des crimes commis durant la colonisation. Glorifiant les martyrs de la révolution, le ministre des Anciens moudjahidine Mohamed Chérif Abbas a enchaîné sur les changements qui secouent les pays arabes. «Il faut que le changement vienne d'une volonté intérieure, non pas d'une quelconque pression étrangère, synonyme de colonialisme sous une autre casquette», dira-t-il. Mahfoud Belabbas, P/APW de Tizi Ouzou, de son côté, a laissé entendre que les centaines d'émigrés algériens assassinés et jetés pour la plupart dans la Seine sur ordre du sinistre Maurice Papon l'ont été avec «la complicité de certains harkis». Il n'omettra pas cependant de rappeler qu'il a fallu «attendre le début des années 1990 pour réhabiliter la vérité historique, dont le 17 octobre qui représente un jalon important dans la longue lutte du peuple algérien contre le colonialisme et toutes formes d'injustice». Un hommage a été rendu à feu Mohamed Boudiaf. Dans la polémique créée dernièrement par Saïd Abadou qui a clairement traité Messali Hadj de «traître», le P/APW se demandera encore une fois «où est la vérité», du moment explique-t-il qu' «il est surprenant de constater que les thuriféraires d'hier qui ont honteusement confisqué l'histoire nationale à des fins d'instrumentalisation et de légitimation du pouvoir reviennent encore, qui pour réhabiliter Messali comme héros du combat libérateur, qui pour dire exactement le contraire et le traiter de traître à la patrie»! «Les luttes de clans continuent de polluer le débat public sans rien apporter à la vérité historique», regrette enfin Belabbas. Le wali de Tizi Ouzou, Abdelkader Bouazghi, s'est félicité du choix porté sur sa wilaya pour abriter les festivités officielles, ce qui n'est pas fortuit au regard des grands héros que la légendaire «Wilaya III» a enfantés, à commencer par les Boubeghla et Fatma N'soumer jusqu'aux Krim, Abane, Amirouche et autres». Les festivités se sont clôturées avec la décoration par leur ministre de tutelle de trois moudjahidine originaires de Draâ El Mizan, Boghni et Ouadhias.