Dans un courrier adressé aux autorités locales, les habitants du quartier Ihamouthène, de la haute ville de Tizi Ouzou, situé en contrebas du mont Sidi-Belloua, dénoncent ce qu'ils appellent “les prédateurs de l'immobilier”. Pour les habitants de cette partie nord de la ville des Genêts, “cette cité plusieurs fois centenaire, vieille ville aux potentialités hydrauliques et architecturales typiques, rappelant quelque part les venelles de la Casbah d'Alger et aussi celles de Dellys, se trouve à la croisée des chemins, devenue une cité-dortoir où des bâtisses dites coopératives immobilières poussent comme des champignons”. Des constructions qualifiées de “tours sauvages qui portent atteinte à l'intimité des riverains qui ne savent pas à quel saint se vouer, puisque les autorités concernées versent dans l'autisme et la cécité, pour ne pas dire la fuite en avant”. Les rédacteurs de cette lettre ont demandé notamment aux responsables de l'APC de Tizi Ouzou “un peu de bon sens et d'assumer leurs responsabilités lors de la délivrance des permis de construire et des cahiers des charges”, citant pour exemple la ruelle Iratni Mohamed “qui ne dépasse pas 80 m de long et qui est en pente de 45°, mais qui accueille aujourd'hui des constructions de type R+4 en plus des sous-sols surélevés de plus de deux mètres et demi”, écrivent-ils tout en se demandant “sur quelle base s'est-on appuyé pour arriver à cette politique de deux poids, deux mesures ?”. Ils souhaitent par ailleurs l'intervention immédiate de l'administration locale “afin d'arrêter les travaux de l'une des coopératives, dont la réalisation se fait contrairement aux lois en vigueur, notamment celles relatives à la délivrance du permis de construire, permis de lotir, certificat de morcellement et permis de démolir, qui prévoient pour cette partie de la haute ville des constructions et aménagement de type R+2 et non de six niveaux comme c'est le cas malheureusement”. Une situation d'anarchie qui “viole, par l'érection de ces cités-dortoirs, le droit des tiers, de bon voisinage ainsi que la sécurité et l'intimité de la vie privée de ces derniers et agresse l'environnement…, sans oublier le danger des risques sismiques qui peuvent survenir dans un quartier où certaines nouvelles bâtisses dépassent 18 m de haut dans une ruelle dont la largeur ne dépasse pas 4,5 m”. “Nous ne sommes pas contre une urbanisation réglementée selon le POS et autres cahiers des charges. Nous sommes contre la médiocrité et les passe-droits qui sont derrière la défiguration de la vieille ville, bastion de l'héroïsme durant la glorieuse révolution de novembre 1954”, affirment ces habitants, tout en se demandant “que font les responsables de la DUC, de l'APC et de l'environnement face à cette anarchie urbaine ?”. K. Tighilt