Dans le cadre de la commémoration du 22e anniversaire du décès de l'écrivain Kateb Yacine, l'Association de promotion du tourisme et de l'action culturelle de Guelma a organisé, du 25 au 27 octobre, le troisième colloque international sur la vie et l'œuvre de Kateb Yacine, dont le thème choisi pour cette année est l'expérience théâtrale katébienne. Les organisateurs avaient accueilli, le 24 octobre, les participants à cet événement culturel, qui ont eu l'opportunité de visiter le théâtre romain de Guelma, la localité touristique de Hamma Debagh et la ville romaine de Thibilis, distante d'une trentaine de kilomètres du chef-lieu de wilaya. En début d'après-midi, le cinéma le Triomphe a abrité la cérémonie d'ouverture, présidée par le wali (accompagné des autorités locales). Cette cérémonie a été marquée par la visite de l'exposition de Fadila Kateb, sœur de Yacine, et par une séance de vente-dédicace de l'ouvrage Nabie El Isyan, de Hmida Layachi, ainsi que par l'inauguration de l'exposition du peintre Rachid Yahiaoui. C'est dans une salle archicomble, en présence d'un riche parterre d'invités nationaux et étrangers, d'intellectuels, d'étudiants, d'universitaires, de chercheurs et de membres de la famille Kateb, que le début des travaux du colloque a été annoncé. Le programme a comporté 14 interventions, avec la participation de professeurs d'Autriche, de France, ainsi que de 17 universitaires algériens. Ahmed Cheniki, professeur à l'université de Paris, a entamé les travaux du colloque avec une communication intitulée “Les jeux d'emprunt dans le théâtre populaire de Kateb Yacine”. L'intervenant a expliqué que l'auteur de Nedjma avait associé les modes tragiques et épiques dans ses pièces théâtrales, et qu'après les années 1970 le discours se voulait politique (opéra vietnamien) et dans “Mohamed prend ta valise !”.Cette pièce sur l'émigration a permis à la troupe théâtrale de Kateb d'effectuer une tournée de cinq mois en France, réunissant ainsi 70 000 travailleurs algériens. M. Cheniki a affirmé que Kateb Yacine, qui était également journaliste, avait puisé dans l'expérience athénienne pour l'élaboration de ses pièces théâtrales. D'ailleurs, en 1985, l'auteur avait décidé de se consacrer entièrement au théâtre et de cibler un maximum de personnes. Kateb Yacine a, en outre, fait appel à la culture populaire, tragique et épique, en recourant à l'écriture dissimulée, car chez Kateb Yacine la mémoire s'introduit par effraction. La forme narrative avec le personnage de Djeha multiplie les espaces et le temps. Bouziane Benachour, journaliste, dramaturge et critique théâtral, a présenté une communication intitulée “Le théâtre de Kateb Yacine ou l'expression vivante de l'être social”. Il a mis en relief les pièces théâtrales interprétées en langage populaire. Le conférencier a indiqué que le théâtre fresque de Kateb dénonce les jougs anciens et nouveaux et comporte de petits tableaux autonomes, des chansons courtes puisées dans les milieux urbains et ruraux. Parmi les autres communications, citons celles de Hmida Layachi, écrivain et journaliste, qui a traité de “L'expression théâtrale de Kateb Yacine”, ou encore celle de Rachid Boudjedra relative à “L'homme et son œuvre”. Quant à Brahim Hadj Slimane, il s'est également intéressé au théâtre katébien et a suivi son intervention par la projection d'un film sur l'écrivain. Les interventions ont été largement édifiantes et ont permis de (re)découvrir le théâtre de Kateb Yacine. Hamid Baali