Les mesures dites incitatives restent bien insuffisantes pour encourager l'utilisation des carburants propres tels que le GPL. La consommation nationale de carburant dépasse les 10 millions de tonnes par an, ce qui équivaut à près de 7 milliards de dollars. Sur ces 10 millions de tonnes, près de 75% de cette consommation sont absorbés par le gasoil dont une bonne partie est importée, depuis 2007, en raison de l'augmentation de la demande par rapport à l'offre. Cette dernière se trouve amoindrie par la réhabilitation de certaines raffineries dont le programme d'achèvement interviendra en 2014. Cette demande en gasoil a été accentuée par les nombreux projets lancés par l'Algérie, et qui n'ont pas manqué de diéséliser le parc roulant, composé de camions, d'engins de travaux publics, et de bus aussi. Car, quand on parle de diésélisation du parc national, il ne faut pas regarder la partie qui concerne les véhicules de tourisme, mais plutôt les véhicules utilitaires, agricoles, industriels et de transport de personnes. L'importance de ce marché nous amène à nous poser des questions sur le choix national de consommation de carburant, sachant que notre pays, qui est producteur de pétrole, importera pour des années encore le gasoil à coup de centaines de millions de dollars, en raison de l'insuffisance de l'offre par rapport à la demande. Rien qu'en 2009, l'Algérie a importé 500 000 tonnes de gasoil pour 300 millions de dollars. Au regard de ces données, l'atelier organisé hier par le département de Chérif Rahmani, ministre de l'Aménagement du territoire et de l'Environnement, à l'hôtel Safir Mazafran, prend tout son sens. La rencontre, en question, a eu pour objet de débattre de la problématique de la pollution de l'air en milieu urbain par les transports et les mesures à prendre pour la généralisation de l'utilisation des carburants propres tels que le GPL, GNC, essence sans plomb et gasoil sans souffre. Il en ressort en substance que l'Algérie est un pays grand pollueur de par son parc automobile en constante croissance utilisant le plus souvent des carburants polluants. “L'Algérie a encouragé dès les années 80 l'émergence de produits de substitution propres à savoir le GPL/C et le GNC. La consommation de GPL après la phase de lancement (1983-1988) n'a cessé de croître suite à l'extension du réseau et des points de conversion ainsi qu'à l'ouverture à partir de 1995 de l'activité de conversion des véhicules à l'initiative des opérateurs privés et de Naftal”, est-il précisé au cours de cette rencontre, ajoutant que “durant les 5 dernières années, le taux de croissance moyen de la consommation est supérieur à 10% par an. La demande de GPL/C a progressé de 170 000 tonnes en 2003 à plus de 340 000 tonnes en 2008 avec un réseau de 400 points de vente”. Cela ne renseigne pas pour autant sur la véritable situation qui prévaut. En résumé, le pays dispose de grands potentiels en matière de GPL, mais il manque de politique claire sur la question. Il est donné comme le premier producteur africain et deuxième exportateur mondial de GPL. Il n'en consomme, dans le secteur des transports, qu'une partie infime par rapport aux autres carburants que sont le gasoil et l'essence. Il est vrai que des mesures incitatives ont été prises par les pouvoirs publics pour amener les automobilistes à s'orienter vers le GPL/c. Il y a eu l'exonération des droits de douane pour l'importation des kits GPL, l'octroi de crédit sans intérêts (BDL) pour l'équipement des véhicules en GPL, et la récente exonération de la vignette automobile pour les véhicules carburant au GPL. Mais celles-ci restent défavorisées par des mesures fiscales qui avantagent le diesel, contrairement à ce que l'on pourrait croire. En effet, si la taxe d'acquisition de véhicules neufs est supérieure pour les véhicules diesel que pour ceux à motorisation essence, le tarif de la vignette pour le véhicule essence est le même que celui d'un véhicule qui carbure au GPL/c. De plus, le mode de calcul des droits de douane qui dépend de la puissance fiscale et de la cylindrée est plus avantageux pour les moteurs diesel qui voient leur puissance DIN aller dépasser les 150 ch pour des cylindrées inférieures à 2 000 cc, alors que leur puissance fiscale est comprise entre 4 et 6 cv. Ceci sans parler du prix du gasoil à la pompe (13,70 DA/litre) qui ne dépasse que 4,70 DA/litre celui affiché pour le GPL/c. certains spécialistes suggèrent alors que l'Etat baisse le prix du GPL/c ou augmente celui du gasoil pour espérer inciter les gens à s'orienter vers le GPL et d'autres soutiennent carrément qu'il faut soustraire le prix d'un kit GPL du montant de la taxe prévue lors de l'achat d'un véhicule neuf, ou imposer aux concessionnaires de vendre une partie de leurs véhicules en bi-carburation essence/GPL. Nabila Saïdoun