Résumé : Pour remercier Nawel de l'avoir aidé à surmonter la phobie des injections, Adel dépose deux bises sur ses joues et l'invite à déjeuner. Cette dernière est surprise d'une telle réaction, mais ne put se dérober, car Adel insiste. En fin de compte, elle accepte de le suivre. Adel en est heureux… LE KIDNAPPING Faouzi ouvrit un œil. La chambre était plongée dans le noir, mais il savait que le jour s'était déjà levé. Il se demanda où il était, puis se retourna sur le côté pour se rendormir sans demander son reste. Une demi-heure plus tard, la sonnerie du téléphone le tira de son sommeil. Il se réveilla en sursaut et se demanda encore une fois où il était. La mémoire lui revint d'un coup, et il décroche le combiné sans tarder : - Bonjour Faouzi… lance une voix. Je crois qu'on avait rendez-vous en milieu de matinée. On est presque à la mi-journée et tu n'es pas encore là. Cela fait plus d'une heure que je t'attends à la réception. Il reconnut instantanément la voix du chauffeur et saute sur ses pieds : - Donne-moi juste dix minutes. Il raccroche et se dirige vers la salle de bains, avant de s'habiller à la hâte. Le bonhomme l'attendait dans son taxi en lisant le journal. Faouzi reconnut l'en-tête et s'écrie : - C'est mon canard… (Il sourit) Tu es un fidèle lecteur à ce que je vois. Le chauffeur répond sans hésiter : - Je ne le rate sous aucun prétexte. D'ailleurs c'est le premier journal que je lis quotidiennement. On peut dire que je suis un habitué ! Faouzi s'installe à côté de lui : - Très bien… C'est un bon point pour commencer la journée. Le chauffeur replia son journal et se tourna vers lui : - Le bon point mon fils, c'est le renseignement que j'ai pour toi. Faouzi qui s'apprêtait à mettre sa ceinture de sécurité suspend son geste : - Tu as quelque chose pour mon enquête. ? Le chauffeur hocha la tête : - Les cafetiers sont plus informés que les journalistes sur certains faits (il sourit)… J'ai pris l'initiative d'aller voir mon ami ce matin. Si Ahmed tient un café au centre-ville de Batna. Je l'ai mis au parfum et il m'a fait comprendre qu'il en connaît un bout, mais qu'il préfère t'en parler directement. - Comment cela ? Il n'a pas posé de questions ? Il ne t'a pas demandé pourquoi un journaliste s'intéresse à une affaire aussi ancienne ? Il n'a pas douté ? Le chauffeur l'interrompt : - Si Ahmed est un ami de longue date. Il ne refuse jamais de m'aider lorsque cela s'avère nécessaire. Je ne vois pas pourquoi il ne me ferait pas confiance… J'ai dit que tu étais un ami de ma famille et que tu voulais écrire quelque chose sur cette affaire qui avait défrayé la chronique en son temps. Faouzi est ému : - Merci… Oh merci beaucoup… Je ne vais pas trop m'attarder là-dessus… Allons donc voir ton ami. Le chauffeur démarre, et un quart d'heure plus tard Faouzi est attablé à la terrasse d'un café. Ammi Ahmed, comme l'appelaient les clients, l'avait chaleureusement reçu et n'avait pas hésité à venir s'assoir près de lui. - Alors mon fils… D'après Si Aïssa mon ami, tu veux faire un reportage sur cette affaire de kidnapping qui remontre à plus d'un quart de siècle ? - Oui Ammi Ahmed. Je suis ici depuis deux jours, et je n'ai pas pu avoir grand-chose à ce sujet. Les quelques notes que j'ai pu arrache, me confirment certes que ce kidnapping a bien eu lieu et qu'on avait perdu la trace de l'enfant. Le cafetier pousse un long soupir : - Que Dieu châtie ces malfaiteurs. Ils ont plongé la famille de Ammi Mabrouk dans le désarroi et la tristesse durant de longues années. Faouzi prend un calepin et un crayon et commence à prendre des notes : - J'aimerais tout savoir au sujet de cette affaire… Peux-tu remonter à ses débuts. - Oui, bien sûr. Je remonterai encore plus loin si tu veux… - Raconte… Donne-moi tous les renseignements que tu détiens sur la famille, et les événements qui ont précédé cette triste affaire. Ammi Ahmed dépose la tasse de thé qu'il était en train de siroter,- et croise les bras en regardant au loin. Il semblait méditer et revivre des scènes lointaines. Mais il revint vite à Faouzi : - El-Hadj Mabrouk est originaire de mon village… Je suis né à Arris. Je l'ai donc connu, alors que je tenais à peine sur mes pieds. Nous étions d'une classe différente certes, mais chez nous dans les Aurès, la richesse ne pouvait pas être une entrave pour un bon voisinage. La famille de Si Mabrouk était aisée. Elle possédait des biens… Beaucoup de biens… Des terres, du bétail, des maisons, des puits, des champs de blé, des arbres fruitiers, etc. Mais autant sa fortune était immense, autant les cœurs était grands. Si Mabrouk et les siens savaient être généreux. Ils offraient des parts de leurs biens à toutes les familles du village. Cela se faisait si discrètement et si régulièrement que l'on s'en rendait à peine compte. (À suivre) Y. H.