RéSUMé : Ryma rentre du lycée, elle remarque les valises de Karim à côté de la porte, elle ne s'en préoccupe pas. Quand Nima arrive, elle tente de dissuader son cousin de les quitter, en vain. Le père de Karim, énervé, gare sa voiture et va directement hurler sur sa sœur, croyant que cette dernière se vengeait en chassant Karim de sa maison, car il a tardé à lui envoyer de l'argent… -Ce n'est pas de ma faute si ton fils en a assez de vivre comme un pauvre. Je suis désolée si notre maison n'est pas aussi grande que la tienne, tu devrais demander à ton fils pour savoir pourquoi il ne veut plus habiter chez nous. On a toujours traité ton fils comme un roi ! - Je déteste ça, “elle” va s'énerver si elle découvre que Karim va venir habiter chez nous. - J'en ai rien à faire de ce que cette “bonne femme” dira ! Prends ton fils et pars de chez moi ! Tu es un incapable, tu te feras piétiner toute ton existence. D'abord ta défunte femme autoritaire et maintenant cette… - Tais-toi ! J'en ai assez entendu Farah ! De qui parlent-ils en disant “qu'elle s'énerverait” ? Qui était cette “bonne femme” qui terrorisait mon père, au point d'hésiter à me prendre avec lui ? Avant que je ne trouve des réponses à mes intrigues, la porte d'entrée s'ouvrit, dévoilant une jolie Donya revenant de l'école souriante, elle courut me dire : “Bon après-midi Karim, comment était ta journée ?” Avant même que je ne puisse lui répondre, elle remarqua les valises adossées au mur et la présence de mon père irrité, qui hurlait sur ma tante. En un instant, elle comprit que j'allais les quitter, elle laisse tomber son sac d'écolière et s'écroula désemparée en sanglotant, et m'implora : “Tu ne vas pas partir Karim, tu vas rester ici, chez nous ! Tu vas vivre avec nous pour la vie, tu m'avais promis !” Dans cette petite tête de fillette de douze ans, j'essayais de la convaincre de retenir ses larmes et que je n'allais pas m'éloigner d'elle, puisque j'étudiais toujours au lycée du coin et je passerai la voir de temps en temps. Donya essuya ses larmes, puis en se relevant elle me révèle : “Tu avais dit que tu resterais à mes côtés pour toute la vie. Pourquoi est-ce que tu m'as menti ?” - Je ne mentais pas en disant cela,. Comprends-moi ! Je serai présent dans ta vie quoi qu'il advienne, mais je dois retourner chez mon père, tu le sais ça ! Je suis un jeune homme maintenant, je veux prendre de l'espace, avoir un coin où lire tranquillement, et des sorties sans qu'on me demande où je vais ou ce que je fais, sans arrêt ! - Je vais me taire si c'est le bruit qui te dérange ! Je vais crier sur tous ceux qui te perturbent quand tu liras un livre. Je raserai le mur de la chambre de maman pour que ça devienne la tienne, et ainsi tu auras plus d'espace. Et tu peux sortir, je ne te demanderai plus où tu iras et ne te suivrai plus en cachette. à ces mots puérils mais tout de même touchants, j'éclate de rire et interroge ma cousine : “Eh bien, dis-moi donc ! Tu me suis en cachette petite espionne ? Tu sais que c'est mal de faire ça !” “Je ne le ferai plus !”, me promit Donya, l'air morose, mais avant que je n'aie le temps de la consoler, mon père vient prendre mes valises et m'ordonne de me dépêcher. Donya s'accrochait à mon bras en me promettant de rester sage, elle tentait de me retenir de ses chétifs bras. Sa mère vint l'arracher de force, si brutalement qu'elle me déchira la manche de ma veste, et lui cria au visage les mots qui signèrent mon exclusion de la famille Arfawil pour de bon, à mon grand dam : “Tu ne vois pas qu'il s'en moque que tu pleures ou pas ? Ramasse ta dignité et ne parle plus à ton cousin. Si jamais je te surprends à prononcer son nom, je te frapperai.” Une jeune enfant de cette fragilité hurlait mon prénom, sollicitait ma présence pour que je revienne sur mes pas. Donya rejette la main de sa mère, qui la frappait pour qu'elle cesse de me réclamer, quand elle vit que je m'engouffrais dans la voiture, prête à démarrer. Elle poussa sa mère en arrière afin de se libérer de son emprise. Au moment où le véhicule quittait la place, je me rappelais, en admirant une dernière fois cette maison de rêve, ces moments de joie uniques gravés dans mon cœur et qui jamais ne se faneront. Cette famille que j'abandonne tel un criminel, en ayant causé plus de chagrin qu'escompté, et j'en regrette amèrement les circonstances qui poussèrent mon orgueil à laisser ceux qui comptaient plus que tout pour moi. Ça y est ! Je vais quitter mes plus belles années d'enfance par l'amertume de ce jour de départ prématuré, en un jour mélancolique et je sombre dans la déprime. Donya, qui sortait de la maison, retenait ses larmes en distinguant ma main et mon sourire qui lui exprimaient un dernier “adieu”. Je m'éloignais peu à peu de ce tableau de nostalgie, quand je vis la petite Donya courir derrière la voiture essayant de me rattraper, en courant de toutes ses forces. J'ordonne à mon père de s'arrêter, il ne voulait pas m'écouter et me répétait : “Je ne vais pas gaspiller mon temps pour cette idiote. Je dois aller à l'université avant deux heures. Arrête de me parler d'elle, tu me causes trop de soucis. Par ta faute j'ai dû rater un cours.” Mon cœur s'était serré en percevant les yeux larmoyants de Donya, son acharnement et son hardiesse à vouloir me retenir malgré la distance et la fatigue. Cela m'émut à tel point que je baissais la vitre et lui hurlai une promesse pour qu'elle cesse de courir : “Je viendrai te voir demain, ne me suis plus ! Tu vas te faire mal !” Malheureusement pour moi, mon père m'interdit de revenir ou ne serait-ce que de reparler à ma tante. Il me disait que cette dernière avait juré de me claquer la porte au visage, si je daignais me pointer chez elle. (À suivre) H. B.