Plus de 500 Amazighs (Berbères) de Libye ont manifesté, hier, à Tripoli, pour la deuxième fois en trois jours, afin de protester contre leur “exclusion” du gouvernement de transition et réclamer la reconnaissance officielle de leur langue et identité. Homsmes, femmes et enfants se sont réunis tôt le matin sur la célèbre place des Martyrs en scandant “Notre exclusion est une grande surprise”, et en agitant des drapeaux et des banderoles aux couleurs bleu, vert et jaune de leur communauté. “Nous allons défiler jusqu'au bureau du Premier ministre (Abdel Rahim al-Kib) pour lui remettre un document demandant pourquoi notre représentant n'a pas été inclus dans le nouveau gouvernement et de voir notre langue officiellement reconnue”, a expliqué Miloud Ahmed, un avocat membre du Congrès national amazigh. Jeudi, deux jours après la formation du nouveau gouvernement, le Congrès national amazigh a appelé tous les Libyens, et en particulier les berbérophones, à cesser de coopérer avec les autorités de transition. Les berbérophones, dont la présence en Libye remonte à près de 10 000 ans, représentent environ 10% des six millions de Libyens. Mais leur langue avait été interdite par le dirigeant déchu Mouammar Kadhafi, toujours resté soupçonneux à l'égard de ce peuple dont il avait même annoncé la disparition l'an dernier. Très actifs durant la révolte populaire devenue conflit armé contre le régime du colonel Kadhafi (février-octobre), les Berbères ont œuvré avec les Arabes pour renverser l'ancien régime et entendent désormais peser dans la vie politique et culturelle. M. Kib “avait dit que son gouvernement serait composé de technocrates. Où sont ces technocrates ? Et même si c'était vrai, nous avons plusieurs technocrates qualifiés", a déclaré Khaled Zikri, un Amazigh, conseiller au ministère des Finances. R. I./Agences