M. Khoulalène est secrétaire fédéral chargé des affaires sociales, des conflits et de la communication au sein de la FNTE. Dans cet entretien, il explique les raisons qui ont poussé le syndicat UGTA à décider d'une grève nationale. Liberté : Pourquoi cette grève maintenant, au moment où le mouvement des lycées initié par deux syndicats autonomes, le CLA et le Cnapest, se durcit ? M. Khoulalène : La FNTE est une organisation affiliée à l'UGTA. Cette dernière est entrée en négociation avec les pouvoirs publics durant cette rentrée sociale. Il y a eu la bipartite en septembre et la tripartite en octobre. étant respectueux de l'organisation à laquelle nous appartenons, nous avons d'abord préféré analyser les résultats de ces rencontres. Si ces résultats sont encourageants pour les secteurs économiques et industriels, il reste que l'augmentation du SNMG et ses incidences sur les salaires des travailleurs de l'éducation sont dérisoires. Aussi, une fois cette analyse faite, les travailleurs, par le biais des syndicats d'entreprise, nous ont interpellés pour envisager une action nationale qui puisse aboutir à une augmentation conséquente des salaires. Cela, surtout qu'après la grève des trois jours — de février 2002 — nous avons clairement signifié, dans le document de synthèse, que si le pouvoir répondait par une prime, la revendication salariale restera toujours posée. C'est dans cette logique que nous avons boycotté l'installation et les travaux des commissions installées tout récemment par le ministre de l'éducation — des ateliers similaires ont été mis en place après la grève de 2002 sans résultats probants. Considérant tous ces faits, nous avons tenu une réunion du bureau national et nous avons convenu de la convocation d'une conférence nationale regroupant les 48 syndicats d'entreprise. Cette réunion a eu lieu, mercredi soir, de 20 heures à 6 h. Après des débats, nous avons décidé d'aller à une grève nationale graduelle. Ce n'est pas la première fois qu'une grève est décidée par la FNTE. Pensez-vous que cette énième action sera fructueuse ? Nous tenons à ce qu'elle apporte quelque chose car, le travail syndical est un travail qui se consacre à arracher des acquis, à les évaluer et à continuer le combat. Nous considérons que les mesures d'urgence prises par le gouvernement — relèvement de certaines indemnités — n'ont pas abouti à l'augmentation salariale — du salaire de base — souhaitée. On ne veut pas cracher sur la soupe mais, c'est insuffisant. C'est pourquoi nous revenons à la charge. Maintenant qu'il y a une embellie financière et que le problème des sinistrés — du tremblement de terre du 21 mai dernier — est en voie de règlement, nous réinvestissons le terrain de lutte. Certains soupçonnent la FNTE d'avoir appelé à la grève pour récupérer le mouvement des lycées et se présenter à nouveau comme l'interlocuteur privilégié des pouvoirs publics. Que répondrez-vous ? La majorité des enseignants du secondaire sont affiliés à l'UGTA. Ils ont répondu à la grève par solidarité, surtout après la suspension de leurs collègues et la généralisation des mesures coercitives. Il ne faut pas oublier, également, la situation d'extrême misère dans laquelle ils vivent, leurs salaires ne représentant qu'une indemnité de présence. Cette situation a fait que les enseignants se sont solidarisés avec le mouvement de grève et y ont adhéré. Mais personnellement, je me pose des questions sur le dirigeant de ce mouvement — Mériane Meziane du Cnapest — qui déclare à la presse qu'il préférerait l'agrément de son organisation à la satisfaction des revendications des travailleurs. à mes yeux, cette attitude cache des arrière-pensées que je ne saurais cerner. S. L.