Elle veut recuperer le mouvement des lycées La FNTE appelle à une grève générale Cette décision prise par le Sete de Béjaïa sera entérinée par le secrétariat national de la Fédération qui se réunit aujourd'hui. Confrontée à une grave hémorragie, la Fédération nationale des travailleurs de l'éducation (FNTE), affiliée à l'UGTA, ne pouvait pas rester indéfiniment impassible devant la désertion en masse de ses rangs. Pour empêcher la dispersion de sa base militante et récupérer son crédit auprès des travailleurs du secteur, appâtés par un discours autrement plus offensif et déterminé de syndicats autonomes, à l'instar du Conseil des lycées d'Alger (CLA) et du Conseil national des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Cnapest), la FNTE s'est vu contrainte de déterrer la hache de guerre et de livrer bataille aux autorités de l'éducation avec lesquelles elle entretenait jusque-là pourtant des relations très cordiales. En effet, alors qu'il considérait, il y a quelques jours, la grève organisée par le Cnapest et le CLA préjudiciable à l'avenir des lycéens, le syndicat UGTA appelle à une action de protestation similaire. L'initiative vient du Syndicat d'entreprise des travailleurs de l'éducation de la wilaya de Béjaïa (Sete). Dans une déclaration rendue publique hier, cette section régionale appelle l'ensemble des travailleurs à une grève générale d'une semaine, de mercredi à lundi prochains. Elle leur demande également d'être présents massivement au rassemblement prévu demain devant le siège de la wilaya. Entre autres revendications mises en avant pour justifier l'opportunité de cette action, le Sete de Béjaïa exige une augmentation conséquente des salaires pour l'ensemble des travailleurs sans exclusive par la revalorisation du montant du point indiciaire. Il appelle, par ailleurs, à la promulgation de la loi sur la Fonction publique et, par voie de conséquence, le statut particulier des travailleurs de l'éducation. “Les tergiversations du ministère dans la gestion du secteur ne font qu'amplifier la crise et la perdurer. Sinon comment expliquer que les travaux des commissions mixtes MEN-FNTE, installées au lendemain de la grève de trois jours – en février 2002 —, n'aient abouti que partiellement et que la revendication centrale relative aux salaires soit restée sans suite”, dénonce le Sete. Cela étant, depuis la fameuse grève de 2002 et bien que les promesses de la tutelle n'aient pas été tenues, la FNTE s'est bien gardée de rappeler au ministre Benbouzid ses engagements. A contrario, elle a joué au pompier en tentant de canaliser la montée des syndicats autonomes. En effet, les membres de son bureau national se sont tout récemment faits les hôtes du ministère, à la place des concernés. Pour les autorités, cette invite était sans doute leur façon de dire que rien ne peut se faire sans la FNTE, considérée comme le syndicat le plus représentatif et, à ce titre, l'interlocuteur privilégié. Or, cette certitude est, aujourd'hui, démentie par le terrain. Non seulement la grève du CLA et du Cnapest perdure mais aussi gagne constamment du terrain. D'où une menace réelle sur la survie de la FNTE. Sans doute consciente du danger, peut-être “instruite” pas les pouvoirs publics pour prendre en charge le mouvement de protestation et le parrainer, la Fédération s'en va en guerre. Programmée aujourd'hui, une session extraordinaire de son secrétariat national devra élargir la grève de sept jours initiée par le Sete-Béjaïa à tout le territoire national. Comme prélude à ce regain contestataire, la FNTE a décidé de boycotter les ateliers mis en place tout dernièrement par la tutelle comme réponse aux revendications exprimées par le CLA et le Cnapest. À travers cette démarche, le syndicat UGTA veut certainement prouver son divorce d'avec les autorités. En témoigne sa condamnation (enfin) de la répression qui s'est abattue sur les enseignants grévistes. Pis, la FNTE reproche aux pouvoirs publics d'avoir entretenu la division au sein du mouvement syndical. Aussi, se présente-t-elle comme une entité fédératrice, la seule à même de faire aboutir les revendications des travailleurs. SAMIA LOKMANE MILA Le coordinateur DU CNAPEST et ses collègues devant le juge Après le report de l'audience du 26 octobre dernier, le tribunal de Ferdjioua (Mila) a convoqué, pour aujourd'hui, Abderraouf Brika, coordinateur du Cnapest dans la wilaya. Cet enseignant au lycée Bechnoun-Saïdi a été parmi les premiers à subir les mesures conservatoires brandies par la tutelle face au durcissement du mouvement de protestation qui a atteint un record de mobilisation jamais égalé. Dès le 14 octobre, il sera destinataire d'une décision de sanction émanant de la direction de l'éducation de Mila qui lui signifiait sa suspension et le gel de son salaire. Par la suite, cinq de ses collègues feront l'objet de la même sanction. À l'heure où le ministre de l'Education nationale annonce la levée des sanctions contre les enseignants grévistes s'ils regagnent leurs postes de travail, ces derniers continuent, dans plusieurs wilayas, de défiler devant les instances judiciaires. Des instances qui, à l'issue des innombrables audiences, feront valoir leur incompétence. C'est d'ailleurs le cas à Mila où la partie plaignante, la direction de l'éducation, sera déboutée dans deux affaires. Les deux autres, relatives au coodinateur du Cnapest et à un de ses collègues, seront jugées, ce dimanche, au motif d'incitation à la grève. NAIMA DJEKHAR ELLE EST PREVUE CE LUNDI Les “redresseurs” préparent la visite du Président à l'Est La Coordination des comités de soutien, le mouvement de “redressement” du FLN et les autres organisations satellitaires à Constantine s'affairent, depuis la fin de la semaine, à préparer la visite du président Bouteflika, prévue, sauf changement de dernière minute, pour ce lundi, et comportant trois étapes : Jijel, Mila et Constantine. La préparation de cette visite éclair s'est entourée d'une grande discrétion. Mercredi dernier, une réunion au niveau du cabinet du wali aurait regroupé les pro-Bouteflika en vue de la mise en place des comités d'accueil. Selon de sources fiables, les élus FLN auraient été écartés de ce huis clos. Une information corroborée à demi-mot par certains représentants du peuple de la formation de Benflis siégeant dans les collèges élus. Preuve, s'il en est, de l'attitude adoptée par l'administration dans le conflit opposant les deux principaux candidats à la présidentielle de 2004. Officiellement, rien n'a jusqu'alors filtré sur le programme de ce périple à l'Est, sauf quelques informations distillées au compte-gouttes par les pro-Bouteflika, composant l'essentiel des comités d'accueil. À Jijel, la seule information rendue publique fait état du coup d'envoi par le Président de l'année universitaire, assorti, semble-t-il, d'un discours. Son planning concernant la halte à la wilaya de Mila reste méconnu. Tout ce qui est confirmé pour l'heure, c'est qu'il s'agirait bien d'une journée marathon, puisque les trois déplacements s'effectueraient dans la même journée. À Constantine, en l'absence de communiqué émanant de la wilaya, le passage présidentiel serait motivé par l'inauguration de l'axe routier Aïn Smara-Chelghoum Laïd. Un tronçon de l'autoroute est-ouest d'une longueur de 45 km dont seulement 11 seraient finalisés. Son inauguration qui devrait avoir lieu au mois de décembre prochain serait ainsi, pour des raisons non dévoilées, avancée pour cette semaine. N. D.