Selon les responsables de la Commission nationale consultative, le programme des ateliers tend “à vulgariser et à sensibiliser” tous les acteurs du champ des droits de l'Homme à “la notion de non-exécution de la peine de mort”. Comment un pays comme l'Algérie peut-il combattre l'impunité ? Avec quels moyens peut-il faire triompher les droits de l'Homme et aller vers l'abolition de la peine de mort en particulier ? Telles sont les deux principales questions suscitées par la rencontre tenue, hier, à l'hôtel El-Marsa de Sidi-Fredj, à Alger. “Pour combattre l'impunité, il faut que l'Etat soit fort, qu'il fasse respecter la loi et qu'il s'intéresse au développement et à la justice sociale”, a révélé le secrétaire général de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'Homme (CNCPPDH), Abdelwahab Mardjana, à Liberté. Ce dernier a également affirmé que sa structure est bel et bien consciente que “les droits de l'Homme sont universels”. Mais, observera-t-il, “il y a un cas d'espèce”, en distinguant l'universalité de la spécificité algérienne. “Il nous appartient de prendre en considération la spécificité de la société algérienne, majoritairement musulmane, et de trouver surtout l'équilibre nécessaire préconisé par le représentant de l'ONG PRI”, a-t-il précisé. Il est utile de rappeler que la rencontre d'El-Marsa est en fait le second atelier organisé par la CNCPPDH, après celui de mai 2011. Destinée principalement aux médecins, juristes et journalistes, cette session de formation s'inscrit dans le cadre du programme de partenariat avec l'Organisation internationale des réformes pénales (PRI). Selon les responsables de la Commission nationale consultative, le programme des ateliers tend “à vulgariser et à sensibiliser” tous les acteurs du champ des droits de l'Homme à “la notion de non-exécution de la peine de mort”. En plus clair, il s'agirait de les convaincre sur la nécessité de substituer la peine de mort à une autre peine, par exemple une peine d'emprisonnement de 30 à 40 ans, en attendant la décision officielle sur l'abolition de la peine de mort. D'ailleurs, des membres de la CNCPPDH ont beaucoup insisté sur le “principe du droit à la vie”, considérant la loi sur la peine de mort comme “une loi inhumaine et dégradante”. Ils se sont aussi félicités du fait que l'Algérie ait “gelé la loi sur la peine de mort depuis 1993”, indiquant toutefois que la situation des personnes condamnées à mort doit évoluer positivement pour leur permettre de sortir du “couloir entre la vie et la mort”, dans laquelle ils se trouvent depuis de longues années, pour certains. Par ailleurs, les militants de la CNCPPDH n'ont eu de cesse de rappeler l'attachement de leur organisation à la Déclaration universelle des droits de l'Homme. Un coup d'œil à ladite Déclaration, mise en évidente à l'entrée de la salle réservée aux travaux de l'atelier de formation, nous plonge dans un monde qui fait encore défaut dans différents coins de la planète. Un monde où il fait pourtant bon de vivre, parce que soucieux des droits à la vie, à la liberté et à la sécurité de l'individu, de la dignité et du “libre développement” de la personne… Du côté des participants, d'aucuns ont applaudi à la réforme pénitentiaire, toujours en cours dans notre pays, et au gel de la loi relative à la condamnation à mort. D'autres, sans cacher leur intérêt à la gestion de la période connue sous la dénomination de “décennie noire” ou de “décennie sanglante”, ont fait part des limites de la Charte pour la réconciliation nationale et la paix, non sans prévenir sur les conséquences néfastes, lorsque “les intérêts personnels et les intérêts politiques prennent le pas sur la cohésion nationale et/ou sur l'épanouissement personnel des franges de la société”. Hafida Ameyar