Le débat sur la peine de mort n'est toujours pas tranché. Revenant à la charge, Farouk Ksentini plaide encore une fois pour l'abolition mais en faisant cette fois une proposition de compromis qui a des chances de convaincre les défenseurs du maintien de cette peine, lesquels s'appuient essentiellement sur l'argument religieux. Le président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'homme (Cncppdh), Farouk Ksentini, a expliqué, hier, les cas de crimes pour lesquels l'abolition de la peine de mort peut être décidée. M. Ksentini, qui revient sur le débat sur la peine de mort organisé les 12 et 13 janvier dernier, estime, dans un communiqué, que le refus de voir abolir cette sentence «se limite au seul cas de l'assassinat qui est un homicide commis avec préméditation ou guet-apens en la répression duquel cette peine est légalement courue». Pour lui, cela «signifie, a contrario, qu'en ce qui concerne les autres crimes, il n'existe aucun obstacle d'ordre religieux susceptible d'empêcher l'abolition de la peine de mort ou de contrarier sa suppression». «Ce qui ouvre la voie à la restriction de cette peine au seul crime de sang prémédité et à son abolition pour tous les autres crimes auxquels la rattache encore notre législation pénale», explique-t-il. «Il convient d'espérer voir le législateur national, qui a eu déjà l'occasion de le faire motu proprio, décider de la suppression de la peine de mort dans tous les cas autres que celui de l'homicide volontaire prémédité, ce qui serait constitutif d'un progrès important dans l'édification d'un Etat de droit, mais également une amélioration substantielle de notre législation pénale», indique M. Ksentini. Cette amélioration permettra, ajoute-t-il, à notre législation pénale d'«accéder de plain-pied à la modernité du siècle sans pour autant porter atteinte à l'islamité de l'Etat et au principe constitutionnel qui en fait la proclamation officielle. M. Ksentini revient ainsi à la charge en tant que fervent défenseur de l'abolition de la peine de mort, mais en proposant un compromis. Celui-ci a pour objectif de balayer les arguments des défenseurs de la peine de mort en Algérie, lesquels se basent sur l'application stricte de la religion et, par conséquent, de la loi du talion. Le débat autour de cette question brûlante est loin d'être fini en Algérie, sachant que la peine de mort bien que toujours maintenue dans les textes de loi et prononcée dans les tribunaux, n'est plus mise à exécution et ce, depuis 1993. Quel écho aura le compromis de Ksentini auprès des islamistes ?