Le président de l'Assemblée populaire communale d'Oran ne s'est pas fait prier, lundi, pour dénoncer “l'irrégularité” du mouvement de grève déclenché par les agents éboueurs de la ville depuis le 21 novembre dernier. Hassam Azeddine est littéralement tombé à bras raccourcis sur les grévistes de la Direction de l'hygiène et de l'assainissement (DHA) lors d'un point de presse tenu au siège de la première commune d'Algérie. Il a qualifié la grève de “désobéissance administrative” et de “rébellion menée par certains responsables fraîchement installés à la DHA.” Comme premières mesures de rétorsion, le maire d'Oran a décidé de redéployer 244 éboueurs titulaires auprès des 12 secteurs urbains de la ville. C'est une décision qui s'apparente à la réponse du berger à la bergère. Un autre groupe de 125 éboueurs contractuels a été, lui aussi, touché par cette mesure dans le cadre de ce feuilleton à répétitions. Pour parer au plus pressé, le maire a fait appel à la collaboration de 54 concessionnaires réintégrés depuis sept mois avec les services de nettoiement de la ville. Les six responsables de la “rébellion” ont fait l'objet, quant à eux, d'un dépôt de plainte. C'est la commission administrative qui devra statuer sur leur cas, a affirmé le maire. Une autre plainte a été également déposée à la gendarmerie d'Es-Sénia à l'encontre des “travailleurs rebelles”. Hassam Azeddine brossera un tableau peu reluisant sur les grévistes qui ont agi contrairement à la loi en vigueur. “Nous avons saisi le tribunal administratif qui a délivré un référé sanctionnant le comportement irresponsable des indus protestataires”, a déclaré le premier magistrat de la ville. Pour lui, il ne fait aucun doute que cette situation “est le fruit d'une cabale orchestrée par des gens qui veulent déstabiliser la ville et ses élus”. Continuant sur sa lancée, il mettra en cause “la manipulation qui a été mise en branle à la veille de la tenue de la session de l'APC et de l'assemblée exécutive du Conseil mondial de l'énergie”. Voilà de quoi donner du piment à un mouvement de contestation qui couve depuis bien longtemps. En dépit de la décentralisation de la DHA et de la régularisation des rappels en trois tranches en sus d'un autre rappel par “anticipation” en novembre, la situation risque de s'aggraver. Le maire d'Oran a annoncé une augmentation de 48 et 50% du net à payer au profit des agents éboueurs titulaires ainsi que 27% à la catégorie des agents contractuels. Il faudrait retenir qu'ils sont 1 112 contractuels (655 éboueurs, 57 chauffeurs de camions et 400 agents de sécurité) qui seront définitivement titularisés, a indiqué le maire. “Une réunion de travail a été organisée récemment au siège de l'Hôtel de ville pour normaliser le dossier de ces 1 112 contractuels avant la fin du mois en cours”, a-t-il annoncé comme mesures d'apaisement. Selon lui, des centaines d'agents contractuels exerçant depuis de longues années au niveau des différents services de cette collectivité locale bénéficieront prochainement de la régularisation de leur situation. Nous apprenons, dans ce contexte, que le plan de gestion du personnel de la mairie d'Oran a été finalement approuvé. La priorité favorisera le recrutement interne des agents contractuels selon des critères d'ancienneté, de qualification professionnelle et de situation familiale. La Fonction publique avait émis plusieurs réserves au plan de gestion de la mairie depuis 2003, rappelle-t-on. La mairie espère aussi lancer incessamment un concours pour le recrutement extérieur de 500 travailleurs dans le but de renforcer les services de la DHA. La mairie d'Oran a perdu 8 513 postes budgétaires et 857 postes de promotion de la période allant de 2003 à 2008 en raison du rejet par la Fonction publique des plans de gestion du personnel, signale-t-on. K. REGUIEG-ISSAAD