RESUME : Karim sort maintenant avec Amina, certain de son amour pour elle. Désirant repartir du bon pied, le jeune ingénu nettoie la cuisine, prépare le café. Sa belle-mère ne retient que son intrusion et le gronde. Harcelé, Karim déverse sa haine au visage de sa marâtre, qui, en voyant le père du téméraire franchir la porte, pleure pour que son mari punisse son fils… Je me blesse les doigts en ramassant les morceaux de la tasse fracassée. J'essaie d'arrêter le saignement en serrant fort ma main, pendant que mon père félicitait sa femme d'avoir enfin fait le ménage et préparé un bon café, ce qu'elle ne rechigne point à s'en attribuer les mérites. Au moment de sortir, voyant le poing serré, la “baleine” se jette sur moi et m'accuse : - Ouvre ta main ! Qu'est-ce que tu as pris, espèce de voleur ! Je refuse. Mon père hurle sur moi me désignant aussi de voleur à son tour, et quand elle insistait pour ouvrir mon poing fermé de force, je relâche, et lui expose ma main en sang. Mon père se relève de sa chaise, mortifié, avant que ma belle-mère ne m'ordonne dégoûtée : - Va te laver stupide rat ! Tu vas salir le sol de ma belle cuisine que je viens de nettoyer ! Je dévisage mon père avec malveillance et ressentiment, pour qu'il en perde ses mots, quand ma marâtre le sommait de me battre pour que j'enlève ce regard haineux qui se posait sur lui et sur elle, l'odieuse baleine qui échoua chez nous. Je m'en vais ensuite à la salle de bains me rincer la main et trouver un pansement dans la boîte à pharmacie de “maman”, mais apparemment elle n'y est plus. Je retourne dans ma chambre et surprends l'avorton de cette baleine farfouiller dans mes affaires avec ses mains répugnantes. Je lui ordonne de sortir, et il ne daigne même pas considérer ma présence. Je m'avance pour lui crier assez fort qu'il prenne peur et parte, mais je le vois extraire de mon sac une photo de Donya, ma jeune cousine, et il m'interroge en se mouchant son nez dégoulinant : - C'est qui cette jolie fille ? Je m'approche pour lui retirer la photo, mais il menace aussitôt de la déchirer si j'avance encore. Je n'ai d'autre choix que négocier pour la seule photo qui me reste de ma précieuse Donya : - Allez gamin ! Rends-moi cette photo et je te laisserai sortir en vie de cette chambre. - Et si je refuse ? - Si tu refuses, je te tabasserai. - Alors je vais la déchirer ! - Attends… non ! Je ferai ce que tu veux mais rends-la-moi ! - D'accord, alors dis-moi, qui est cette jolie fille ? - Tu ne la connais pas, ça ne t'intéresse pas ! - C'est ta copine, c'est ça ! - Non… Et puis j'en ai marre, rends-la-moi ! Je me jette sur lui pour attraper la photo, malheureusement pour moi il la déchire rapidement avant que je ne le touche. Ne pouvant plus de me contenir, je laisse éclater ma colère et lève la main en sang pour le gifler, mais je me retiens en constatant que ce n'était qu'un gosse. Mon père entre brusquement, voit ma main levée, son fils pleurnichant, il vient directement vers moi. Il ne me laisse même pas le temps de placer un mot qu'il me gifle violemment, si fort que la douleur la plus atroce n'était pas le coup en lui-même, mais cette marque de doigts sur mon visage qui certifiait que quoi que je dise ou je fasse, j'aurais toujours tort. Je reprends mes esprits après ce choc qui me mortifie sur place. Mes yeux retiennent encore les larmes, je ne veux pas donner la satisfaction à la “baleine” qui venait de rentrer, de voir ma peine affichée. Je sors en silence de la chambre, écoutant la marâtre consoler son énergumène, et crier encore sur mon père : - Tu aurais dû le battre avec un bâton, il a giflé mon Redouane ! Il saigne ! Regarde par toi-même ! Je sors de la maison et crie avant de partir comme une dernière insulte à la belle-mère des malheurs : - C'est mon sang que ton fils a sur la joue ! En marchant dans la rue, repensant à la photo de Donya, je me rappelle lui avoir promis de lui rendre visite aujourd'hui. J'avais peu d'argent sur moi, mais ça suffisait pour prendre le tramway, ainsi j'arriverai assez tôt pour rester avec elle aussi longtemps qu'elle le désirerait. Aussitôt dit, aussitôt fait. J'arrive devant la maison des Arfawil, mais je me tiens assez loin pour ne pas être aperçu par ma tante, qui est toujours en colère après moi. Les heures passent, je reste à contempler la famille qui s'assoit autour de la table assez tristement, ça me rassure un peu, ça prouve que je leur manque. Oh, j'ai si faim et le peu d'argent qui me reste est pour le retour, je ne dois pas le gaspiller. Je vois arriver Ryma, apparemment rentrant de ses cours du week-end. Je l'interpelle quand elle arrive devant moi : - Ryma attends ! Je sais qu'entre toi et moi ce n'est pas le grand amour… Elle me répond froidement : - Je ne t'aime pas, je ne te déteste pas, tu m'indiffères. Je ne m'attarde pas sur ses confessions et sollicite son aide : - Je sais que je suis parti comme un voleur hier, mais s'il te plaît, pourrais-tu demander à Donya de venir me rejoindre pour que je lui parle ? Dis-lui que je serai au parc, ok ? Elle me regarde fixement pendant un long moment avec l'air intrigué, puis s'en va sans me répondre. Je vois arriver mon oncle Wahid de l'autre côté de la rue, je me dépêche de partir avant qu'il ne me découvre. Il était encore tôt pour que je me montre, il devait m'en vouloir d'être parti en son absence. (À suivre) H. B.