La dernière déclaration de Djamel Ould-Abbès, ministre de la Santé, faite avant-hier à Laghouat, et relative aux tenants et aboutissants du marché du médicament, a fait réagir nombre de syndicats et d'organisations professionnelles du secteur de la santé. C'est le cas du Snapo (Syndicat national algérien des pharmaciens d'officine), qui n'a pas manqué de revenir sur le problème de la surfacturation des médicaments, notamment ceux importés. Pour le président du Snapo, M. Messaoud Belambri, “les dernières révélations du ministre ne sont autres que les résultats d'une enquête interne annoncée par la tutelle. En fait, la déclaration d'Ould-Abbès vient conforter ce que nous avions déclaré auparavant. Ce phénomène de surfacturation des médicaments n'est pas nouveau. La sortie médiatique du ministre conforte le Snapo. D'où notre conviction de procéder immédiatement à une réforme et à un assainissement du secteur. Nous étions les premiers à dénoncer les lobbies du médicament en Algérie”. Plus loin, il précisera : “le Snapo a déjà subi des pressions à cause des révélations faites par rapport à certaines pratiques réprimées par la loi, la surfacturation et la sous-facturation du médicament. Ces pressions viennent évidemment des gens qui tirent les ficelles dans le marché du médicament et de certaines parties qui ne travaillent pas conformément à la réglementation.” Pour être plus précis, M. Belambri soulignera : “Ce ne sont pas tous les opérateurs activant dans le secteur qui cherchent à faire du ‘'business'' au détriment des intérêts de la nation et de la santé publique. C'est pour quoi nous demandons aux autorités compétentes d'exclure des opérateurs parasites.” Dans le même registre, le président du syndicat insistera sur la nécessité de mettre des garde-fous dans le marché du médicament, puisque “si on laisse le champ libre à ces gens-là, on aura beaucoup de choses à dire sur la ‘qualité' des produits pharmaceutiques, au niveau des officines et des pharmaciens”. Revenant sur le circuit commercial et la distribution, M. Belambri rappellera que le secteur du médicament est régi par des règles strictement économiques. La morale et la déontologie sont absentes dans ce secteur. C'est pourquoi nous plaidons en faveur de la moralisation et de la professionnalisation du métier de pharmacien, devait-il conclure. Rappelons, enfin, que la facture globale des médicaments est d'un milliard 700 millions d'euros. Alors que Djamel Ould-Abbès a déclaré avant-hier à Laghouat : “Nous avons mené une enquête sur 38 médicaments et nous avons découvert une facture supplémentaire de 94 millions de dollars ; les médicaments concernés ont été importés à des prix élevés par rapport à ceux appliqués sur le marché international”, tout en précisant que le dossier est actuellement entre les mains des services des douanes et du ministère de la Justice. BENESSAM NASSIR