Alors que plus de 5 000 morts, selon l'ONU, sont enregistrés depuis le déclenchement des hostilités en Syrie, des voix s'élèvent à l'intérieur même de ce “pays-poudrière”, pour dire presque tout le contraire de ce que rapportent certaines chaînes satellitaires. “Attention ! Il ne faut surtout pas vous fier aux reportages diffusés par certaines chaînes de télévision sur ce qui se passe réellement en Syrie. Certes, il y a malaise, il y a des heurts signalés un peu partout dans le pays, mais ce n'est pas le chaos. Ce chaos que le peuple syrien veut bien évidemment éviter au pays. En dépit de notre appartenance à des religions différentes, nous, musulmans et chrétiens, avons vécu et vivons toujours en parfaite harmonie.” Voilà en gros le message émanant aujourd'hui de représentants de différentes confessions et classes sociales de la société syrienne, selon le témoignage de Mme Saïda Benhabylès que nous avons rencontrée au lendemain de sa visite à la capitale syrienne, effectuée dans le cadre d'une “mission” organisée par le Centre international de recherches et études sur le terrorisme (Ciret). La délégation dépêchée au pays de Bachar El-Assad était constituée de Mme Benhabylès, en tant que membre fondateur du Ciret, Eric Denecé, directeur du centre français de recherches sur le renseignement, et Richard Labevière, journaliste français indépendant, spécialisé dans la question du Moyen-Orient et du terrorisme, tous les deux également membres du Ciret. Pour justifier la thèse que “tout ce que rapportent les chaînes TV n'est que mensonges”, Mme Benhabylès mettra en avant le témoignage de la mère de Sari, enfant âgé de 9 ans assassiné par un groupe armé à Homs dont l'image était aussitôt diffusée par Al-Jazeera, laquelle “dément que son fils serait assassiné par le pouvoir, et que les images diffusés par cette chaîne étaient permises grâce à la complicité d'un groupe de jeunes qui avaient filmé la scène, lesquels travailleraient pour le compte de la même chaîne”. En un mot, la représentante du Ciret tente de faire croire que ce qui se passe actuellement en Syrie ne serait pas la seule œuvre du régime d'El-Assad, décrié sur les toits, mais bien “des actions terroristes et autres groupes armés dont les déserteurs de l'armée syrienne”. Mme Benhabylès relève que même si les Syriens reconnaissent l'existence d'environ “1500 déserteurs”, selon eux, ceci ne constituerait pas un danger devant la puissance de l'armée syrienne. “Nous sommes loin de soutenir les systèmes en place dans les pays arabes aujourd'hui en agitation, et encore moins d'étouffer la voix des peuples assoiffés de liberté et de démocratie, mais il était nécessaire que des observateurs et des experts neutres contribuent à éclairer l'opinion internationale sur la situation réelle qui prévaut dans ces pays”, explique Mme Benhabylès en précisant que “le programme de cette visite a permis à la délégation de circuler librement pour rencontrer plusieurs personnalités représentant toutes les parties concernées par le conflit en Syrie. Oui ! Nous avons rencontré des hommes de culte de différentes confessions, des représentants politiques issus de toutes les obédiences, d'autres représentants la société civile, notamment des familles de victimes à Damas et Homs”. Selon Mme Benhabylès, l'opposition au régime d'El-Assad est fractionnée en trois courants principaux, à savoir le conseil de transition syrienne “basé à l'étranger”, qui regroupe, dit-elle, les Frères musulmans et “des mercenaires politiques recrutés pour légaliser la position des grandes puissances”, les anciens communistes et nationalistes, et enfin les Kurdes. à en croire la représentante du Ciret qui se réfère aux témoignages collectés lors de sa visite, le conseil de transition est seul à appeler à l'intervention étrangère. Tandis que, souligne-t-elle, les communistes-nationalistes et les Kurdes s'opposent catégoriquement à cette option. Ceci, ajoute-t-elle, quand bien même les communistes-nationalistes refuseraient toujours de dialoguer avec le pouvoir. Cependant que, précise-t-elle encore, les Kurdes dont le parti vient d'être agréé “contribuent au dialogue et appellent à une solution syro-syrienne”. Premier constat de l'émissaire du Ciret : “Il faut que tout le monde sache que la société syrienne est l'exemple à suivre en termes de l'exercice de la liberté du culte et de la tolérance ; le gouvernement ne fait pas de pression sur ce plan.” Pour l'ancienne ministre de la Solidarité, “aujourd'hui, une parfaite cohabitation pacifique entre chrétiens et musulmans règne en Syrie”. Pour étayer ses propos, Mme Benhabylès citera l'exemple de “complicité liant une femme chrétienne exerçant de la politique au leader du Hezbollah, Nasrallah, avec qui elle entretiendrait des relations très étroites !”. Farid Abdeladim