C'est aujourd'hui que s'ouvriront les travaux du 13e Congrès du Front Polisario, à Tifariti, dans les territoires libérés de la République sahraouie (RASD). Sous le thème révélateur de “L'Etat sahraoui indépendant est la seule solution”, ces assises qui dureront jusqu'au 20 décembre prochain sont appelées le “Congrès du chahid Mahfoudh Ali Beiba”, ancien président du Parlement sahraoui. Elles interviennent 36 ans après l'annexion de l'ancienne colonie espagnole par le Maroc. Vingt années après le cessez-le-feu instauré par les Nations unies et la mise en œuvre d'un plan de paix censé mener la décolonisation du “territoire non autonome” à son terme, la rencontre de l'instance suprême du mouvement de libération sahraoui survient, cette fois, dans un contexte très particulier. En effet, elle se tient après une série de rounds de négociations directes et de rencontres informelles entre les deux parties en conflit, le Polisario et le voisin marocain. Mais, à la différence des congrès précédents du Front Polisario qui, pour rappel, sont programmés tous les 3 ans, les 13e assises seront marquées par des débats autour des derniers événements. Outre le massacre du camp de Gdem-Izik ordonné par le Maroc contre la population sahraouie civile des territoires occupés du Sahara occidental, la poursuite des violations en matière de droits de l'homme dans ces mêmes territoires, et la persistance dans la politique de fuite en avant marocaine, les congressistes seront appelés à se pencher sur les conséquences des troubles, voire des bouleversements qui se sont produits, cette année, sur la scène régionale, référence faite aux “Printemps” et “Automne” arabes. Il y a quelques mois, le secrétaire général de l'Organisation des journalistes sahraouis (UPES), Malaïnine Lakhal, avait révélé à certains médias, dont Liberté, que la situation au Sahara occidental est “en danger d'explosion permanent”. Ce responsable avait exprimé un avis pertinent, qui donne une idée sur l'état d'esprit actuel des Sahraouis. Selon lui, non seulement “rien n'a réellement changé pour le peuple sahraoui”, mais “toutes les atrocités commises au Sahara occidental l'ont été à huis clos (…) (et) se poursuivent à ce jour sous le règne d'un roi qui se dit moderne et démocrate.” M. Lakhal avait en outre évoqué la question de la non-protection des Sahraouis des territoires occupés, en raison “des pressions françaises et des complicités européenne et américaine”. Il avait également signalé le ras-le-bol sahraoui, le justifiant par “la frustration” des Sahraouis, “la perte de confiance (de ces derniers) en la justice internationale” et “le manque de démocratie au sein de l'ONU”. Les militants du Polisario trouveront-ils, aujourd'hui à Tifariti, les réponses appropriées à l'insistance du peuple sahraoui, toujours en attente de son indépendance ? Parviendront-ils à contrer, pour la énième fois, les manœuvres du roi marocain qui continue de violer la légalité internationale et à se servir des richesses du Sahara occidental, en toute impunité ? Il faut l'espérer, surtout que ces 13e assises sont de nouveau confortées par la récente position de l'Assemblée générale de l'ONU : adoption, le 9 décembre dernier, d'une résolution qui réaffirme non seulement “la responsabilité de l'ONU à l'égard du peuple du Sahara occidental”, mais également “une solution permettant l'autodétermination du peuple du Sahara occidental”, en application de la Déclaration sur l'octroi de l'indépendance aux pays et aux peuples coloniaux. Rappelons que la localité de Tifariti libérée accueillera aujourd'hui plusieurs délégations. En plus de l'importante délégation sahraouie incluant 50 délégués représentant les territoires occupés, plus de 2 000 personnes sont invitées au 13e congrès du Polisario, représentant les différents continents du globe. Hafida Ameyar