C'est un cri contre l'oubli voulu et érigé en institution, et contre la violation du principe sacré qu'avait fait sien la Révolution dans sa déclaration de Novembre, définissant la forme et la fonction de l'état ainsi que la prise en charge de la justice sociale en refusant catégoriquement toute injustice, toute “hogra”, toute marginalisation et toute autre forme contraire au message des martyrs de l'Algérie naissante. C'est un cri de la conscience vive : comment ne pas être abasourdi et amer lorsqu'on voit de quelle manière se poursuivent les atteintes aux valeurs de Novembre ? Les pères fondateurs de l'Algérie indépendante ont voulu construire une Algérie aux antipodes de ce que le colonialiste français avait bâti, lui qui s'y croyait pour toujours et qui faisait fi des notions d'humanité, d'identité et d'appartenance, supprimant sans hésitation du dictionnaire politique toute référence à une nation algérienne, à un esprit algérien, à une fierté algérienne. La Révolution était porteuse d'un projet plein d'espoir. Des hommes et des femmes ont donné leur vie pour que naisse une Algérie libre, pour que soit mis en place un état juste et démocratique. C'est par la justice, la fraternité et la solidarité qu'il fallait lutter contre la pauvreté, la privation et la marginalisation qui écrasaient ce peuple. C'est un cri contre le silence : comment cette Algérie d'aujourd'hui a-t-elle pu faire avorter l'esprit de Novembre, favorisant l'avènement d'un ordre nouveau contraire aux intentions premières de souveraineté et d'égalité ? D'où ont surgi ces classes sociales faites de fortunés de plus en plus opulents et de pauvres de plus en plus pauvres et laissés pour compte ? Nul n'ignore les promotions basées sur le népotisme, les enrichissements basés sur le silence. Pendant ce temps-là, l'immense majorité se noie dans un sentiment de désespoir et de haine et se retrouve exclue d'office. N'est-il pas criminel de former des milliers de jeunes et de les laisser se jeter au creux des vagues dans l'espoir d'une vie meilleure ? Nous avons les moyens de leur rendre l'espoir, de leur offrir un travail et de la dignité humaine. N'est-il pas criminel de ne pas le faire ? C'est le cri d'un cadre de l'Armée de libération nationale, issu d'une famille révolutionnaire qui a porté les armes pour que l'Algérie recouvre sa souveraineté pleine et entière, pour que l'Algérie redevienne un état libre, jouissant d'une pleine considération au sein du concert des nations : comment tolérer des différences de traitement entre un citoyen et un autre, entre un moudjahid et un autre ? Comment accepter des classifications obscures et douteuses basées sur des critères fictifs ? Comment accepter que certains se voient octroyer la qualité de cadre de la nation et d'autres pas, à parcours égal ? Où est l'esprit de Novembre pour lequel nous avons mis nos vies en jeu ? Qu'est devenu le message du chahid qui avait mis fin aux discriminations, instauré l'égalité, considéré la famille révolutionnaire comme formant un tout indissociable, complémentaire, qui exclut les tendances égoïstes, les calculs rétrogrades ? C'est un cri contre les acquis contraires à l'esprit de Novembre : n'est-il pas temps pour les décideurs de ce pays, pour les retranchés derrière les institutions souveraines et en particulier les responsables des moudjahidine de faire une auto-analyse, de revoir leurs positions, de méditer avec sincérité sur le testament du chahid ? Ils doivent se rappeler la promesse faite d'œuvrer pour élever la voix de l'Algérie et son rang, de ne jamais accepter d'autre système que le système égalitaire. Nous venons de célébrer l'anniversaire du déclenchement de la Révolution de libération : cette révolution, nous l'avons faite pour mettre fin aux déviations, aux violations des droits les plus élémentaires. Or c'est le contraire qui se constate de nos jours, où tous les principes et valeurs de l'Algérie révolutionnaire sont bafoués au grand jour. Responsables de l'Algérie d'aujourd'hui, souvenez-vous du message des chouhada ! A. N. Evocation Ce dimanche 11 décembre, au sein de la Fondation Casbah et à l'initiative de son président, Babaci Belkacem, une rencontre commémorative a été organisée autour du souvenir de Chabane Aït Abderrahim, ancien wali d'Alger, décédé le 25 novembre 2009. Sa famille et des personnalités dont Kamel Bouchama, ancien ministre, Mohamed Khodja, sénateur ou encore Issad Dohmar, ancien président de la FAF et bien d'autres, amis ou anonymes, se sont succédé devant une assistance recueillie, pour raviver, avec émotion, des moments partagés avec le défunt dans le cadre du travail ou en privé. Tous ont souligné la compétence, l'efficacité et l'humour qui caractérisaient le personnage. En clôture de la réunion, un diplôme d'honneur, en considération des services rendus par l'ancien wali à la ville d'Alger, a été remis à la famille.