Comme les autres, la loi organique relative à l'information est passée comme une lettre à la poste par les élus de la nation, plus par leur force numérique que par celle de la raison. Le dernier texte composant “les réformes profondes” vient donc d'être adopté par les mêmes partis et les mêmes députés, y compris les indépendants, comme si l'unanimité peut frapper d'un même sceau six textes différents. Ce consentement à l'approbation aveugle ne relève pas d'une quelconque discipline partisane mais d'un suivisme hilarant, relevant de la sénilité. Chacun, il est vrai, est libre de voter dans un sens ou dans un autre, mais cette voix dont le député est détenteur pour un mandat appartient et la doit à ceux qui lui ont fait confiance. Voter en aveugle relève d'une trahison envers les électeurs, ces citoyens dont on veut être les tuteurs à vie. Pour revenir à la loi sur l'information, ce texte, censé gérer une profession encore à la recherche de ses repères, a un goût d'inachevé. Si les initiateurs partaient d'une bonne intention dans la limite de leurs prérogatives et de la ligne électrifiée à ne pas franchir, le texte a rencontré sur son chemin des plus royalistes que le roi et les différents ajouts ont fini par le plomber et le rendre plus restrictif qu'il ne l'était. Pour exemple, l'alinéa de l'article 3 qui énonce que l'information doit œuvrer dans le “respect des impératifs de la politique étrangère du pays”. Est-ce à dire que le journaliste ne peut pas donner un avis, le sien ou celui d'un autre sur la façon dont ont été gérés les derniers évènements qui ont secoué les pays de la région par les responsables du secteur ? Pourtant, près de 70 professionnels et experts ont répondu à l'invitation de la commission chargée de la culture et de l'information pour recueillir les avis, mais combien ont été retenus par cette même instance ? Des réformes ont été promises mais le résultat par les textes définitifs adoptés est en deçà des attentes des citoyens qui aiment la comparaison avec les voisins. O. A. [email protected]