“Andalousie, mon amour !” est une comédie loufoque qui masque une profondeur et une gravité. L'amour est le questionnement qui traverse tout le film “Qeddach t'habni”, une comédie dramatique qui dit le quotidien d'une famille avec le point de vue de plusieurs personnages. La compétition pour le Wihr d'or du long métrage a été lancée avant-hier après-midi à la salle Essaâda, avec la projection du film Andalousie, mon amour ! de Mohamed Nadif. Cette production marocaine à laquelle participe le comédien algérien Hichem Mesbah emprunte les sinuosités de l'humour pour dire le drame des harraga. Andalousie, mon amour ! c'est l'histoire de Saïd et Amine, deux jeunes qui rêvaient d'Espagne et de vie meilleure. Ils quittent Casablanca et atterrissent dans un village au nord du Maroc. Avec l'aide d'un instituteur qui leur débrouille une barque, ils tentent la traversée. Un malencontreux accident sépare les deux jeunes gens. Amine retourne au village et Saïd échoue sur une plage espagnole. Une plage où vivent des émigrés clandestins, en totale harmonie. Ils récoltent du cannabis puisqu'il aurait été autorisé en Espagne, et attendent dans la joie et la bonne humeur la régularisation de leur situation. Mais la situation de stabilité et d'harmonie est perturbée, et beaucoup de vérités éclatent au grand jour. Car le camp n'est rien d'autre que l'expression d'une conspiration, d'un complot dirigé par une mafia locale, à sa tête le maire (représentant le pouvoir politique) et l'imam (représentant le pouvoir religieux), qui font en sorte de répondre aux attentes des harraga, tout en faisant prospérer leur commerce. Mohamed Nadif qui signe avec Andalousie, mon amour ! son premier long métrage n'échappe pas à la règle des premières fois, selon laquelle le créateur aspire à dire tout à la fois. Le réalisateur, qui a semblé avoir du mal à se positionner dans un style bien précis, a laissé libre cours à son côté cinéphile, et ce, en truffant son film de messages subliminaux, avec notamment des clins d'œil (en utilisant par exemple “t'as de beaux yeux tu sais”, célèbre phrase de Jean Gabin). Le long métrage, construit sur un humour de situation, a tout de même perdu de son rythme au fil de la narration, et la technicité (les plans larges, les paysages parfois carte postale, le quasi-ratage de la scène du feu de bois) n'étaient pas toujours au rendez-vous pour la relance. En début de soirée, le long métrage Qeddach t'habni (combien tu m'aimes) de Fatma Zohra Zamoum a été présenté en compétition. Le pitch : Adel, 8 ans, s'installe chez ses grands-parents lorsque ses parents se séparent. Adel adore les animaux et se réfugie dans ce monde-là, porté par l'amour de ses grands-parents pour survivre à cette situation. En insistant sur les détails, Fatma Zohra Zamoum raconte plusieurs histoires : celle du couple des grands-parents qui exprime à la fois le mode de vie traditionnel et la situation d'aliénation dans laquelle s'enferment les femmes face aux hommes et leur machisme ; celle des parents de Adel que la vie moderne a fini par séparer ; celle de la voisine Farida, une jeune fille qui trouve l'amour certes mais dont les choix ont toujours été dictés par les autres ; et enfin, celle du petit Adel – véritable héros du film – qui représente une génération en devenir, ballottée entre la tradition et la modernité. Par ailleurs, bien que l'amour ne soit pas quantifiable, les grands-parents essaient de satisfaire Adel matériellement, et croient fermement que c'est de cette manière-là qu'on gagne l'amour des enfants. Qeddach t'habni raconte avec plusieurs points de vue une “chronique du quotidien”, ce qui annihile la profondeur et fait perdre au film de son intensité. S. K.