L'Algérie gagnerait à se doter d'une charte d'éthique sur la bonne gouvernance avec les institutions qui impliquera la société civile. Outre la diversification de son économie à partir de ses hydrocarbures, notre pays doit s'intéresser davantage aux secteurs de l'éducation et de l'enseignement supérieur, de la recherche et développement. Pour M. Mouhoub Mouhoud, professeur à l'université Paris Dauphine, qui a animé une conférence, organisée hier par le Cercle d'action et de réflexion autour de l'entreprise (Care), l'Algérie a besoin de sa diaspora qualifiée, de l'étranger. Ce sont là les trois leviers que notre pays pourrait actionner, estime le conférencier, afin qu'il puisse se doter d'une économie de progrès qui emploie ses diplômés. Tout en précisant qu'il ne prétend pas donner des leçons ou quelconque recette au profit des pouvoirs publics, le Pr Mouhoud ouvre néanmoins des pistes de réflexion qui pourraient servir d'orientations, puisées d'un constat peu reluisant notamment de certains secteurs d'activité. À vrai dire, il recense trois gros secteurs très actifs en Algérie entre lesquels il n'existe pas de relation économique forte. Il s'agit des hydrocarbures, de l'importation et du commerce de produits non échangeables. Ce dernier, en revanche, est développé par l'import qui, à son tour, est financé par les recettes issues du pétrole et du gaz. Le Pr Mouhoud n'écarte pas la nature de l'économie algérienne de celle des pays de la région Mena (Afrique du Nord et Moyen-Orient). Le Pr Mouhoub Mouhoud relève ainsi le “paradoxe” qui caractérise ces pays, à savoir : cette rupture entre gouvernants et gouvernés “au moment où les politiques publiques commençaient à bien gérer les crises mondiales”. Ce qui a donné lieu à des performances non négligeables, surtout sur le plan macro-économique. Cependant, et cela semble être la cause des événements qui ont secoué les pays de la région Mena, plusieurs anomalies cachent les quelques points positifs obtenus par les dirigeants. Le Pr Mouhoud cite le taux d'emploi bas avec une proportion de chômage élevée, la fuite des cerveaux, le niveau de vie inadmissible des populations, un investissement hors hydrocarbures faible et des IDE concentrés essentiellement sur les secteurs à forts avantages comparatifs… Le Pr Mouhoud reconnaît les efforts consentis par l'Etat dans la massification dans l'enseignement supérieur. La dépense publique réservée à l'éducation est considérable, mais les résultats n'ont pas suivi. Les compétences qui quittent le pays et les contraintes institutionnelles liées à la bureaucratie, la corruption et l'informel qui représente, selon lui, 60% du PIB, constituent un frein aux échanges commerciaux. Résultats des courses : “rupture du pacte social”, indique Mouhoub Mouhoud. Face à ce diagnostic, le Pr Mouhoud prescrit une sorte de conduite à tenir. Il suggère de développer une stratégie en direction de l'élite algérienne à l'étranger. La renégociation de manière collective de l'accord de libre-échange avec l'UE en exigeant une ouverture des marchés européens à tous les produits agricoles est pour le Pr Mouhoub une des autres priorités. Badreddine KHRIS