Cela aurait pu être taxé de “typiquement africain” si l'intervention, du reste, si maladroite de l'instance planétaire n'était venue confirmer ce que tant de puristes redoutaient, le pouvoir de l'argent sur celui du jeu. Il y a quelques jours, le jeudi 8 décembre pour être plus précis, le Comité international olympique adressait un blâme au président de la Confédération africaine de football, le Camerounais Issa Hayatou, ainsi qu'un avertissement au président de la Fédération internationale d'athlétisme, le Sénégalais Lamine Diack à l'issue d'une enquête approfondie dans une sombre affaire de corruption. Cette enquête de la commission d'éthique du CIO après la diffusion par la BBC, en novembre dernier, d'un documentaire révélant que la société de marketing ISL avait distribué 100 millions de dollars de pots-de-vin à des dirigeants sportifs, dont le président de la CAF et celui de l'IAAF, s'est ainsi achevée sur la décision d'infliger un blâme à Hayatou et d'adresser un avertissement à Diack. Plus qu'une simple recommandation faite à un haut dirigeant du football mondial, ce blâme émanant de l'instance garante du respect de l'éthique et de l'esprit sportif sonne comme une sanction, confirmée en termes aussi clairs que dénotatifs par Jacques Rogge. Doublement coupable, donc, aux yeux du Comité international olympique, le Camerounais Issa Hayatou a, pourtant et aussi paradoxal et choquant que cela puisse paraître, reçu le soutien du comité exécutif de la CAF, au moment même où l'autre incriminé, le Brésilien Havelange faisait profil bas et démissionnait. Si cela était resté au stade du circuit africain, cela n'aurait étonné personne. Mais que des marques de soutien affluent de Zurich, là même où siège le président de la toute puissante Fifa, cela flirte dangereusement avec l'indécence. Que Sepp Blatter, himself, encourage, soutienne, appuie et assiste un Hayatou blâmé et sanctionné par le CIO pour corruption, cela relève tout simplement du tragicomique. Ou comment cette même Fifa qui a gâché la vie sportive de l'Asiatique Bin Hammam dont le seul vrai tort, à ce niveau, a été de vouloir concurrencer Blatter pour le poste suprême, confirme que le football marketing a définitivement mis hors jeu le football en tant que jeu. R. B.