Le ministre de la Prospection et des Statistiques, Abdelhamid Temmar, a animé avant-hier une conférence-débat, à l'auditorium d'Aboudaou de l'université Abderrahmane-Mira de Béjaïa, dont le thème n'est autre que l'intitulé de son tout nouveau ouvrage, à savoir La transition de l'économie émergente, référence théorique : stratégie politique. C'est devant un aréopage de chercheurs universitaires, notamment des enseignants et étudiants en économie (chargés de cours, maîtres de conférence, doctorants, professeurs…) et autres spécialistes en la matière, que le ministre technocrate a présenté son livre de 700 pages. Ce dernier est un outil de travail retraçant quelques principes et autres concepts économiques qui pourra servir aux chercheurs universitaires de document de référence, puisqu'il contient, selon l'auteur, des données inédites qui leur permettent d'enrichir leurs travaux de recherches. “La stratégie de transition et de croissance durable, l'innovation, la liberté économique, la globalisation, la banque, le marché financier, l'informel, la régulation et l'économie endogène…” sont autant de thématiques abordées dans cet ouvrage scientifique. Décortiquant la crise économique ayant affecté l'Algérie durant des années, le conférencier remonte le temps jusqu'aux années 80, rappelant que “la décennie 1980 – 1990 constitue une période charnière durant laquelle la géo-économie s'est redessinée”. À noter que lors de sa communication, l'orateur souffle le chaud et le froid. Tantôt il brosse un tableau noir de la situation économique du pays, tantôt il fait l'éloge des choix politiques des pouvoirs publics. “L'Algérie ne fait pas partie des pays émergents. Nous sommes un pays sans capacités d'innovation”, a-t-il déploré, en parlant justement des pays émergents ayant connu une véritable transition vers l'économie de marché. Par ailleurs, le représentant du gouvernement ne s'est pas privé de vanter, voire glorifier les réalisations du président Bouteflika qu'il présentera d'ailleurs comme l'homme providentiel. Développant le concept appelé communément l'anocratie, une situation intermédiaire entre la démocratie et l'autocratie, M. Temmar a tenu à préciser qu'en 2005, il y avait 88 démocraties véritables dans les quelque 195 pays reconnus par les Nations unies. Pour lui, “la mondialisation est un phénomène économique multidimensionnel complexe en pleine évolution”, enchaînant que “les PME se mondialisent et délocalisent tout ou une partie de leurs activités”. Après avoir présenté “les changements fondamentaux intervenus dans la globalisation de l'économie (mondialisation)”, l'orateur insistera sur la nécessité de “développer la stratégie de redéploiement de la fonction nationale de production, c'est-à-dire relancer et développer l'appareil de production”. Ceci dit, selon M. Temmar, “le processus de passage d'un stade de développement insuffisant à un stade de développement avancé et de croissance endogène implique l'engagement des réformes dans le système économique dans le cadre d'une période de transition”. Le cadre de réformes conceptuel, a-t-il expliqué, signifie l'émergence, la transition, la stabilité de l'Etat. “Néanmoins, la période de transition est porteuse de menaces d'affrontements sociopolitiques”, a-t-il averti. Enfin, le professeur Temmar tient à souligner que les politiques de restructuration en profondeur du système économique et du cadre de fonctionnement de l'entreprise reposent sur quatre axes fondamentaux, à savoir “la réforme du système bancaire, l'émergence et le développement d'un marché financier, l'organisation d'un marché transparent du foncier économique destiné à l'investissement, et enfin le renforcement du cadre de concurrence du marché des biens et services pour le libérer des privilèges et des monopoles ainsi que des obstacles imposés souvent par la rigidité administrative”. KAMEL OUHINA