Un important réseau de trafic de ciment vient d'être démantelé. Basé à Chlef et activant dans plusieurs wilayas du pays, ce gang a été longtemps pisté par la section de recherche de la Gendarmerie nationale (SRGN), avant de tomber. Les faits remontent à quelques semaines, quand des informations faisaient état d'un gros trafic sur le poids du ciment et la contrefaçon des labels dans des points de vente officiels. Portant la marque déposée de l'Entreprise de ciment et ses dérivés de Chlef (ECDE), pas moins de 2 000 sacs de ciment, aussi légers par rapport au poids conforme de 50 kg, ont été récupérés par les enquêteurs qui ont, par ailleurs, saisi deux camions de gros tonnage utilisés dans le convoyage de la marchandise entre Chlef, Blida, Tipasa et Alger. Au total, ce sont plus de 60 tonnes découvertes et mises à l'épreuve de la pesée avant de se rendre compte que cette filière a réellement causé de gros dégâts dans le secteur du bâtiment. L'extension de compétence permettra ainsi aux enquêteurs de définir le mode opératoire et de mettre la main sur un premier gang basé à Koléa (Tipasa). Ici même, pas moins de 20 tonnes ont été livrées à un chantier basé à Boufarik (Blida) par des contrefacteurs qui se faisaient passer pour des clients. Mais le travail de renseignement finira par payer puisque le marché conclu tombe à l'eau. En effet, les gendarmes, qui ont tendu une souricière, ont intercepté deux camions dans un barrage à l'entrée de Boufarik. Bilan : deux personnes arrêtées et deux camions saisis. L'exploitation de ces deux individus mis en cause permettra de débusquer l'atelier clandestin du réseau de malfaiteurs dans un coin perdu à Meftah (Blida). Le pot aux roses sera ainsi découvert dans la ville des Roses : 2 000 sacs vides contrefaits et portant les indications et les labels de cinq entreprises, dont celle d'Aïn Kebira, de Chlef, de Sour El-Ghozlane, d'Echamel (Mascara) et Meftah et la saisie de plus de 200 quintaux de ciment en vrac ainsi que trois machines de conditionnement. Les échantillons envoyés à l'ECDE, victime d'un important préjudice, ont confirmé que le ciment et les sacs en question sont des produits contrefaits. D'ailleurs, les enquêteurs ont également confirmé l'information à l'Institut national de criminologie et criminalistique (INCC) de Bouchaoui qui a également expertisé les produits avant de déterminer le faux. Les sacs de ciment ne pesaient en fait que… 43 kg ! Soit 7 kg de moins par rapport à la norme, ce qui constitue un grave précédent pour le bâtiment. En ce sens, les entreprises qui ont contracté des projets de chantiers à Alger et à Blida ont fait les frais de cette arnaque, un véritable crime contre la sécurité des infrastructures. L'enquête en cours pourrait faire appel aux services du CTC (contrôle technique des constructions) afin de s'assurer des normes de construction de ces chantiers lancés sur la base du faux ciment. Les huit mis en cause seront présentés aujourd'hui devant la justice de Boukadir, à Chlef, et ce, au moment où les enquêteurs de la SRGN poursuivent leurs investigations pour déterminer les autres quantités déjà livrées dans plusieurs wilayas du centre et de l'ouest du pays. FARID BELGACEM