Au moment où le Cla accepte de dialoguer avec Benbouzid Le Cnapest poursuit la grève Le syndicat se démarque des négociations en cours. Après le rejet de l'agrément du ministère du Travail et de la Sécurité sociale, le débrayage se poursuit. Réuni hier en assemblée générale au siège du Cnes, le Conseil national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Cnapest) a exprimé son mécontentement face à la décision du ministre et a affirmé l'engagement des enseignants grévistes à continuer le mouvement de contestation jusqu'à l'aboutissement de leurs revendications, notamment la reconnaissance de leur syndicat autonome. “Nous poursuivons notre combat. Nous voulons dialoguer en tant que partenaire social, et donc, la lutte commence par la reconnaissance de notre organisation syndicale”, a affirmé hier Méziane Mériane, lors du point de presse qui a suivi le rassemblement. Le Cnapest estime être “lésé” et va ester le ministère du Travail et de la Sécurité sociale en justice pour abus de pouvoir. Par ailleurs, M. Mériane pense que l'argument avancé par le département de Tayeb Louh n'est pas fondé. “Les observations au sujet du statut de l'organisation, notamment l'appellation “coordination”, ont été corrigées. Pourquoi le ministère ne nous a-t-il pas permis d'apporter une troisième rectification à notre dossier, pourtant la loi 90.10 relative à l'exercice syndical ne limite pas le nombre”, a indiqué le coordinateur du syndicat autonome et précise qu'il appartient à la justice de se prononcer sur la question de l'agrément du Conseil national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Cnapest). Concernant les négociations engagées par le ministère et les syndicats agréés, M. Mériane déclare que le syndicat autonome (la Cnapest) n'est pas intéressé par les résultats qui découleraient de cette rencontre. “Nous nous démarquons de cette démarche folklorique. Nous sommes persuadés — et c'est la conviction de la base — que la Fédération nationale des travailleurs de l'éducation (FNTE) veut récupérer le mouvement de protestation à son profit”, ajoute notre interlocuteur. En outre, la base est convaincue que l'appel lancé par la FNTE, répond à un objectif, celui de justifier la négociation avec le ministre. Notons enfin que les professeurs grévistes mettent en garde leurs collègues du moyen contre “la manigance diabolique” qui se prépare entre le Chef du gouvernement et les représentants des syndicats agréés. N. A. Un début de dialogue Le ministère de l'Education nationale semble vouloir régler le conflit avec les enseignants une fois pour toutes, en saisissant la perche que lui a tendue le Conseil des lycées d'Alger (CLA). En effet, le chef de cabinet du ministère, M. Khaldi, a reçu, hier, une délégation des enseignants grévistes, pour nouer un contact préliminaire avec M. Benbouzid pour un éventuel dialogue avec les contestataires. Lors de cette rencontre, les grévistes ont conditionné l'ouverture du dialogue à la levée des sanctions sur tous les professeurs du territoire national, le droit de choisir les représentants de la délégation sans aucune exigence et la présence de M. Benbouzid aux séances de la bipartite. “Nous allons dialoguer dans le cadre de notre plate-forme de doléances. Il est clair que c'est sur ces revendications qu'il faut concentrer toute l'énergie du mouvement. Par ailleurs, il ne faut pas faire une fixation sur les questions d'agrément, en laissant le champ libre aux partenaires privilégiés des pouvoirs publics : la FNTE”, affirme M. Osmane. Notons enfin que la première rencontre de la bipartite aura lieu jeudi prochain au siège du ministère de l'Education. “Notre proximité de par notre métier et le nombre d'élèves concernés nous ont poussés à trouver un débouché positif à nos revendications. La lutte pour le Conseil des lycées d'Alger et le puritanisme syndical s'inscrivent dans la durée”, conclut-il. N. A. Grève de l'éducation Rendre à César... Les autorités veulent faire de leur FNTE l'artisan du dénouement du conflit. “Nous ne céderons pas au chantage”, avait mis en garde Ahmed Ouyahia, aux premiers jours de la grève des professeurs de lycée. Cette menace, qui apparaît aujourd'hui comme une vaine tartarinade, n'aura pas tenu devant la fermeté des enseignants. Ces derniers, forts de la légitimité de leurs revendications, avaient prévenu qu'ils ne reculeraient pas, justifiant qu'il y allait de leur “dignité”. Face à l'impasse qui fait planer l'épouvantail de l'année blanche, le gouvernement n'avait plus alors d'autre choix que de faire machine arrière. Et s'il accepte aujourd'hui d'ouvrir l'épineux dossier des salaires, principale revendication, il ne le fait certainement pas de gaieté de cœur. Ahmed Ouyahia ne pouvait, en effet, indéfiniment tourner le dos aux enseignants, sous peine de devoir assumer, seul devant l'opinion, la responsabilité de la grève, surtout en cette période où chaque geste politique est indexé sur la présidentielle prochaine. Sans présumer de l'issue de la négociation en cours “avec les syndicats agréés”, on ne peut, toutefois, que se féliciter de voir cette grève se dénouer. Espérons-le du moins. Il était temps, les lycéens ont payé cher un trimestre de retard, au moment où la mayonnaise commençait à monter dans les autres paliers. Les professeurs, qui ont vécu cette longue période de “chômage” sur les nerfs, peuvent considérer, d'ores et déjà, qu'ils ont gagné. Mais grâce à qui ? Au Cnapest et au CLA, bien sûr. Ces deux syndicats, auxquels les autorités s'entêtent à refuser l'agrément, bien que la base les ait consacrés, ont su redonner ses lettres de noblesse à la pratique syndicale dans le secteur de l'éducation, tombée depuis des années sous les fourches caudines d'organisations syndicales qui ont vendu leur âme à Benbouzid. Une chose est sûre : avec la FNTE et l'Unpef, les pouvoirs publics n'auraient pas reculé d'un pouce et les enseignants n'auraient pas obtenu un dinar de plus à leurs salaires de misère. Mais le pouvoir, fidèle à son absurdité, préfère placer les négociations en cours sous le parapluie de la FNTE. Une manière machiavélique qui permettrait à l'organisation de Abdelkader Djebbar de récolter les dividendes d'un éventuel dénouement heureux et de se réhabiliter aux yeux d'une base avec laquelle le divorce est consommé depuis des lustres. Mais, les enseignants et l'opinion savent pertinemment que si les autorités ont fini par se rendre à l'évidence, c'est grâce, exclusivement, au forcing du Cnapest et du CLA qui ont mobilisé les 5 600 professeurs de lycée du pays. Ces deux syndicats sont à un virage important de leur jeune existence. Ils se doivent d'éviter le piège qui leur est posé par la nouvelle position du pouvoir qui cherche avant tout à les torpiller. L'éviter en acceptant de reprendre les cours, tout en continuant à se battre pour l'obtention de leur agrément. Parce qu'un raidissement de leur part pourrait les placer en porte-à-faux avec les attentes des élèves, de leurs parents et leur aliéner la sympathie de l'opinion que les autorités se feraient fort de vouloir retourner contre eux. Histoire de les discréditer et justifier les accusations de “politisation” portées contre eux. N. Sebti REJET DE LA DEMANDE D'AGREMENT “C'est une décision politique” Le ministère du Travail a refusé de reconnaître le Conseil national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Cnapest). Prétexte avancé : le dossier d'ensemble de cette organisation contient des dispositions en contradiction avec la loi 90.02 du 6 février 1990, relative au règlement des conflits collectifs de travail et à l'exercice des droits syndicaux de la loi 90.14 du 2 juin 1990. Cette dernière porte notamment sur les dispositions des articles 36, 76 et 77 du projet de statut du Cnapest. La position du gouvernement à ce sujet a été réitérée, hier, par le directeur des relations du travail du département de Tayeb Louh. S'exprimant sur les ondes de la chaîne III de la radio, M. Belahcène a tenu à affirmer : “Nous n'avons pas refusé l'agrément sur la base de considération politique. Le rejet est purement d'ordre administratif.” “Faux, rétorque Méziane Mériane, SG du Cnapest. Nous ne comprenons pas cette décision. Ils auraient pu nous demander de revoir notre dossier, comme ils l'ont fait lors du dépôt du dossier. Or, c'est le refus catégorique ! C'est une décision politique visant à étouffer tout pluralisme syndical.” Le Cnapest compte saisir la justice pour “abus de pouvoir”. A. T.