Ils s'élèvent contre la violation du droit de grève par les pouvoirs publics. “À la première tentative de répression des membres du Conseil national des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Cnapest), nous appellerons à une grève générale.” C'est là l'engagement pris, hier, par le porte-parole du Conseil national des lycées (CLA) d'Alger. Redouane Osmane s'exprimait au lendemain de l'assemblée générale des délégués de son organisation tenue au lycée Omar-Racim. Initiée afin d'interpeller la direction académique sur la rupture du dialogue social, cette rencontre a débordé sur l'événement du jour, à savoir l'interdiction par le tribunal d'Alger du mouvement de protestation du Cnapest prévu pour demain et après-demain, ainsi que la poursuite en justice de ses représentants qui enfreindraient cette décision. “Nous ne pouvons pas rester les bras croisés. Le bureau m'a mandaté pour appeler à une grève générale”, explique M. Osmane. Bien que son collègue du Cnapest ait décidé de faire cavalier seul en engageant un bras de fer en solo avec le département de l'Education nationale, il ne lui en tient aucune rigueur. En pareille circonstance, le recours au bâton par les pouvoirs publics appelle à une solidarité salutaire. Le CLA va plus loin. Depuis hier, il a pris contact avec les autres organisations autonomes, membres du Comité national des libertés syndicales (CNLS), afin de faire front contre le diktat du département de Boubekeur Benbouzid. En principe, une réunion devra se tenir aujourd'hui pour faire le point de la situation et envisager des opérations groupées. À cet égard, le porte-parole du CLA propose l'organisation d'une journée d'action sur le droit de grève. De son côté, le Conseil national des enseignants du supérieur (Cnes) même s'il n'a pas encore explicité les contours de son engagement aux côtés du Cnapest ne reste pas impassible. Dans un communiqué transmis hier à la rédaction, le coordinateur national, Ali Boukaroura, se dit “très préoccupé par la suite du feuilleton des poursuites judiciaires contre les délégués syndicaux”. Il faut savoir que les représentants du Cnapest et du CLA sont des habitués des tribunaux. Il y a plus d'une année, au cours de leur première grève, certains ont été interpellés et traduits en justice. Des décisions de radiation avaient même été prises par le ministère de l'Education nationale. Ce genre de mesures coercitives avait pour but de mettre fin à un long débrayage qui avait failli compromettre l'année scolaire 2003-2004 et hypothéquer les examens de fin d'année. Aujourd'hui, M. Benbouzid n'a aucun mal à remettre en marche la machine répressive. Cela d'autant plus qu'il est encouragé par le gouvernement. Depuis quelque temps, le recours à la justice pour étouffer le vent de la contestation sociale — du moins celui émanant des syndicats autonomes — est érigé en règle. De nombreuses fois, le ministre du Travail et de la Sécurité sociale, Tayeb Louh, a rappelé ce principe. Cependant, pour le Cnes, il s'agit d'une “tentative claire de limiter les libertés syndicales et le droit de grève à l'aide de la justice”. Dans son communiqué, le syndicat des universitaires s'insurge contre la politique de fuite en avant des autorités qui, au lieu d'initier le dialogue avec les partenaires sociaux, choisissent le pourrissement. Confronté à ces pratiques, le CLA de son côté est déterminé à faire parler de lui. Lundi, il a donné rendez-vous aux enseignants de la capitale devant le siège de l'académie. Au menu de ce rassemblement, le soutien au Cnapest évidemment, mais également une série de revendications syndicales et sociales. S. L.