Le quartier d'El-Mouradia étant sous haute surveillance, les enseignants contractuels se sont rabattus sur l'annexe du MEN au Ruisseau pour y tenir leur action de protestation. Le sit-in des enseignants contractuels devant le siège de la présidence de la République a finalement eu lieu hier matin devant l'annexe du ministère de l'Education nationale, au Ruisseau. Parmi les manifestants, un bébé de sept mois dont la maman réclame, à l'instar de ses collègues, “une intégration sans condition que le président de la République nous a accordée et que le ministère de tutelle nous refuse”. Brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire : “Intégration sans condition”, ou encore “Accordez-nous notre droit”, les manifestants, venus de plusieurs wilayas du pays depuis déjà quelques jours, espéraient un quelconque geste de la part des responsables de l'annexe du MEN. Mais, les enseignants ont beau scander leurs revendications et user leurs cordes vocales, point de réponse de la part du responsable des personnels du secteur de l'éducation nationale. Seuls quelques éléments des forces de l'ordre leur tiennent compagnie sur le trottoir en veillant à ce qu'ils ne bloquent pas le trafic routier, d'autant que les automobilistes curieux s'arrêtent pour se renseigner sur les motifs de l'attroupement. L'un des policiers scrute les lieux et demande aux manifestants de récupérer les valises qu'ils ont entassées sur un coin du trottoir. Les enseignants contractuels ne quittent pas des yeux les forces de sécurité. Ils sursautent dès qu'un policier passe à côté d'eux. “Nous sommes traumatisés par la violence avec laquelle ils nous dispersent”, raconte une enseignante, ajoutant que “la brutalité avec laquelle un policier m'a tiré m'a fait croire qu'il m'a complètement arraché l'épaule. Nous avons des certificats médicaux qui prouvent qu'ils ont été très violents à notre égard”. Pour une autre enseignante contractuelle venue de l'intérieur du pays, “notre situation est semblable à celle des gardes communaux. Quand les pouvoirs publics avaient besoin de nous, ils nous ont offert des postes et aujourd'hui, ils veulent nous en priver”. La déclaration de Benbouzid lors de sa visite dans la wilaya de Laghouat n'a fait que jeter de l'huile sur le feu. “Le président de la République s'est engagé pour notre réintégration et le ministre dit que le dossier est clos. Qu'allons-nous devenir alors ?” fulmine un manifestant. Ce qui provoque l'ire des contractuels est cette politique de deux poids, deux mesures des Directions de l'éducation. Des ingénieurs ont été intégrés au début du mois par la Direction de l'éducation d'Alger-Est. “Pourquoi pas nous alors ?” lancent les manifestants en exhibant les décisions de leurs collègues. Pour les contestataires, le fait de ne pas avoir un diplôme d'enseignement ne justifie pas le refus de notre intégration car nombreux sont les ingénieurs ou licenciés en psychologie qui ont acquis plus d'une dizaine d'années d'expérience dans le domaine. MALIKA BEN