Les contractuels de l'Education nationale, non encore intégrés, maintiennent leur sit-in ouvert, entamé depuis le début de la semaine en cours devant l'annexe du ministère de l'Education nationale au Ruisseau (Alger). Ils sont plus d'une centaine venus de différentes wilayas du pays (Djelfa, Béchar, M'Sila, Bouira, Tébessa, Oran, Sétif, AÏn Defla…) pour exiger la régulation de leur situation, à «l'instar de leurs collègues d'Alger» comme cela a été promis par la tutelle, par la voix de Mohamed Boukhata, directeur des ressources humaines du ministère de l'Education nationale». Les contestataires ont décidé de camper devant le département ministériel de jour comme de nuit, jusqu'à satisfaction de leurs revendications. Parmi eux, 16 contestataires sont en grève de la faim depuis cinq jours déjà, en guise de protestation sur le favoritisme enregistré dans l'opération d'intégration. Hier encore, Mlle Cherifa de Aïn Defla, en grève de la faim, a été transférée au CHU de Mustapha Pacha en fin de la matinée après un malaise. Elle est ingénieur en agronomie et enseignante au primaire depuis 2002. Depuis le début de cette grève, elle est la quatrième personne à être assistée médicalement. «Tous les contractuels de la capitale ont été intégrés dans leurs postes respectifs, contrairement à ceux des autres wilayas qui sont encore en chômage», a déclaré, Moussa Gouasmia, porte-parole du Conseil national des enseignants contractuels (Cnec) affilié au Syndicat national autonome du personnel de l'administration publique (Snapap). Les protestataires estiment que cette mesure est discriminatoire et vise à diviser les rangs du Cnec, qui exige depuis le début de la protestation, en mars dernier, l'intégration de l'ensemble des 29 000 contractuels du secteur. M. Gouasmia a fait savoir, à l'issue d'une rencontre «non fructueuse» avec M. Boukhata, hier, la première depuis le début du sit-in, qu'il y a eu beaucoup de dépassement et d'injustice dans l'opération d'intégration. «M. Boukhata m'a fait comprendre que les contractuels recrutés répondent aux conditions énumérées dans la circulaire ministérielle, mais cela est contradictoire avec la décision présidentielle, où il est bien précisé l'intégration de tous les contractuels, sans aucune condition», a souligné le porte-parole, avant d'enchaîner : «Nous voulons justement le respect de cette décision.» Selon Mohamed, enseignant contractuel depuis 2001 dans une école primaire, située à 400 km de la ville de Béchar, la protestation observée du 5 septembre au 14 octobre derniers, a été suspendue après l'engagement de M. Boukhata de régulariser leurs situation. «Il nous a clairement demandé de lui accorder un délai d'un mois et demi pour étudier nos dossiers et nous régulariser. A notre grande déception, notre dossier n'a pas été pris en charge. Pis encore, ce même responsable est revenu sur sa décision en déclarant que les personnes qui n'ont pas une spécialité dans l'éducation nationale sont carrément écartés du secteur, même s'ils cumulent plusieurs années d'expérience.» 80 contractuels d'Alger perdent leur poste Selon des sources ministérielles, le département de Boubekeur Benbouzid aurait désigné une commission pour vérifier et contrôler si les conditions d'intégration des enseignants contractuels, notamment ceux de la capitale, ont été respectées. Cette mesure a été prise suite aux réclamations des contestataires qui affirment que la condition concernant la spécialité n'a pas été respectée. Selon d'autres témoignages, 80 enseignants ont été victimes de cette nouvelle procédure. Ils ont donc été mis à la porte quelques jours après leur affectation. Les concernés menacent, également, de renforcer les rangs des contestataires. A rappeler qu'au mois de mars dernier, des centaines d'enseignants contractuels avaient investi la ruelle limitrophe du siège de la présidence de la République. Ils ont dormi à la belle étoile pendant 20 jours, jusqu'à ce que la validation, par le Premier ministre, de la décision portant l'intégration des 29 000 contractuels. De ce chiffre, 26 631 ont vu leur situation régularisée durant la première étape. Les 2 600 restants ont dû reprendre le mouvement de protestation en septembre dernier pour faire entendre leur voix. La plupart d'entre eux ont reçu leur affectation après la promulgation de la circulaire ministérielle d'octobre dernier, où il a été précisé l'intégration des contractuels qui ont une spécialité d'enseignement mais occupent un poste dans une autre spécialité. Le bras de fer se poursuit.