Dans la continuité de leurs multiples activités, les banques algériennes ont achevé l'année 2011 avec des performances acceptables et significatives sur le triple plan du financement de l'économie des entreprises, des particuliers et des ménages ; de l'expansion des règlements par les instruments rénovés (chèque, virement, carte bancaire) ; l'accomplissement des missions quasi-institutionnelles de gestion, en tant qu'intermédiaire, et de contrôle des flux de capitaux de et vers l'Algérie (flux liés au volume croissant des opérations de commerce extérieur, de transfert et de rapatriement des capitaux) ; de contribuer à la moralisation des comportements financiers et la sécurisation des ressources en dinars et devises à travers la lutte anti-blanchiment et anti-corruption. Tout en accomplissant leurs activités commerciales, les banques ont fait face durant l'année qui s'achève à de nouvelles exigences découlant des orientations des pouvoirs publics ou des sollicitations des opérateurs et clientèles, tout en continuant à agir sur les contraintes internes et externes. C'est dans cette voie que les banques, qui constituent maintenant une profession organisée en cours de structuration, composée d'établissements régis par des règles harmonisées et dont les membres agissent dans une forte synergie, poursuivront leur action en 2012. Celle-ci, au-delà des particularités et de la diversité des politiques commerciales internes, couvrira notamment 3 grands segments : 1 – Le développement et la rationalisation du marché du crédit et des autres financements. Dans ses dimensions corporate (entreprises) et particuliers, le marché du crédit continuera à constituer l'activité prédominante des banques. Plus de 70% des capacités humaines, technologiques et infrastructurelles sont dédiés à l'étude, à l'octroi et au suivi du crédit sous ces différentes formes. Le crédit aux entreprises demeurera la première activité des banques algériennes, notamment celles à grand réseau. Mais le compartiment particuliers et ménages, centré sur le crédit immobilier, connaîtra une expansion encore forte. Parallèlement aux types de crédit classiques, les banques investissent trois créneaux émergents : le leasing, le capital-investissement et les financements alternatifs dits produits islamiques. Trois éléments essentiels qui favoriseront le développement de ce marché sont le soutien de l'état à travers les bonifications des taux d'intérêt ; l'ampleur des demandes nouvelles ; l'impact du mécanisme de retraitement de l'endettement des entreprises en difficultés 2 – L'expansion des nouveaux modes de paiement en substitution au cash. Progressivement, les nouveaux systèmes de paiement modernisés, aussi bien pour les règlements inter-entreprises et institutions (systèmes dit ARTS) que les paiements de masse (système dit ATCI), offrent aux clientèles des possibilités de régler leurs transactions en quelques jours, voire quelques heures. Aux côtés du chèque rénové et sécurisé ainsi que le virement, la carte bancaire devra connaître un déploiement significatif comme moyen de paiement auprès des commerces et non comme seul instrument de retrait. Ces nouveaux systèmes ont atteint leur régime de croisière, mais ne sont pas encore complètement utilisés. Le rythme lent de recours par la clientèle à ces nouveaux systèmes ne réside pas seulement dans le manque de confiance, il peut s'expliquer aussi par des habitudes difficiles à remettre en cause, une certaine résistance au changement ou des pratiques commerciales ne s'accommodant pas d'une traçabilité établie. A cet égard, une action vigoureuse sera menée en 2012 par les banques sur deux plans : Le traitement organisé au niveau interbancaire des réclamations de la clientèle afin de garantir l'aboutissement de toutes les opérations ordonnées par la clientèle et réduire au maximum, en les sanctionnant, les règlements sans solde. Convaincre les opérateurs par une communication large et de proximité, les commerçants et les consommateurs de l'intérêt de substituer au cash les instruments de paiement disponibles. 3 – Rationalisation des modes de gestion des opérations du commerce extérieur et de contrôle des flux L'une des missions essentielles mise à la charge des banques, en tant qu'intermédiaires agréés, réside dans la domiciliation, le traitement, le suivi, le contrôle et l'apurement des opérations commerciales donnant lieu à un flux de capitaux de et vers l'étranger. Fortement réglementée et exigeant un niveau élevé de vigilance et de contrôle de la conformité, cette activité mobilise d'importantes capacités des banques et est appelée à faire l'objet d'une rationalisation sur un double plan : l'automatisation des procédures et règles internes de suivi des dossiers et opérations engagés ; la participation à toute initiative visant à mettre en place une plate-forme commune banques/douanes/Banque d'Algérie, dédiée aux opérations de commerce extérieur, est gérée de façon électronique en vue d'atténuer la charge actuellement énorme et contraignante de gestion de supports papiers (à l'image des déclarations D10). Cette plate-forme, que les banques ne cessent de réclamer, dépend d'arbitrages externes non encore rendus. Ces trois grands segments du marché bancaire, marché du crédit, nouveaux modes de paiement et gestion des flux de capitaux de et vers l'étranger s'accompagneront, en 2012, d'effort soutenus en matière de gouvernance et de management par les établissements agissant seuls ou ensemble au sein des organes de l'Abef. Dans ce sens, les chantiers les plus importants concerneront la poursuite de l'œuvre difficile et complexe de rénovation des systèmes d'information ; le confortement des systèmes de contrôle interne qui s'élargissent à toutes les activités et se structurent selon les exigences nouvelles à travers le contrôle permanent, le contrôle périodique et le contrôle de conformité ; la consolidation des instruments de maîtrise et de management des risques ; l'enrichissement du catalogue des produits et services à la clientèle ; la mise en place des nouveaux outils de rating de la clientèle et de système scoring comme instrument d'aide à la décision ; la rénovation des systèmes salariaux à travers l'introduction d'une rémunération variable adossée aux performances et compétences ; la rénovation des démarches de gestion de la relation clientèle après l'émergence au cours de l'année 2011 des “centres d'appels” et des “centres automates”. Tout en relevant des établissements bancaires et financiers qui s'attellent quotidiennement à cette œuvre, l'amélioration attendue des services bancaires ne pourra cependant connaître l'essor souhaité qui si l'action réglementaire et normative s'ajuste et réponde aux impératifs de développement commercial ; le rythme d'autorisation des nouvelles agences s'accélère, rendant acceptable le niveau de couverture bancaire qui est encore en deçà des normes minimales ; les modes de contrôle de l'activité bancaire deviennent moins étendus et plus ciblés ; la pénalisation parfois excessive des actes de gestion et de prise de risque s'atténue ; la sphère réelle et les entreprises qui la composent améliorent le contenu des dossiers de financement, le suivi de leur engagement bancaire et le comportement dans lesquels prédomine le recours au cash. Dans la continuité du travail accompli en 2011, il est légitime de s'attendre, pour 2012, grâce à l'appui des pouvoirs publics, une amélioration des relations et une forte synergie de la sphère bancaire et de la sphère réelle. C'est cette synergie qui constitue la substance du nouveau régime de croissance tant souhaitée. A. B. Délégué général de l'Abef, l'Association des banques et établissements financiers