Sur un ton optimiste, le responsable de l'Association des banques et établissements financiers (Abef) annonce une avancée significative dans la modernisation du système financier en 2006. Liberté : Où en est la réforme bancaire ? M. Benkhalfa : Il fallait d'abord actualiser le dispositif réglementaire. Les travaux ont beaucoup avancé sur ce plan. Il y a eu la révision de la loi sur la monnaie et le crédit et l'élaboration de nouveaux règlements d'application de la Banque d'Algérie. En second lieu, le grand chantier du système de paiement de masse a démarré, à la base de l'industrie bancaire moderne. Nous effectuons actuellement des transactions essentiellement sur le papier. Nous allons vers une industrie électronique de paiement. C'est de notre point de vue l'élément fondamental d'une bancarisation à large échelle. Nous avons tergiversé. Nous avons terminé la conceptualisation de ce système dans une belle synergie pouvoirs publics-Banque d'Algérie. Nous avons achevé les études conceptuelles du nouveau système de paiement de masse (aux incidences positives sur les délais de traitement des opérations bancaires). Nous allons vivre une année difficile en 2005 parce que nous allons acquérir les technologies, l'intelligence informatique et les équipements à la fin 2005. Nous allons à cette échéance tester le nouveau système de paiement à trois niveaux : au niveau central, une plate-forme par banque et des stations de scanarisation pour les grandes agences, au total 900 stations. En résumé, le travail de mise à niveau des lois et règlements est en cours. Nous introduisons progressivement les clés d'une banque électronique. Que reste-t-il à faire ? En premier lieu, nous entrerons en 2006 avec une neutralisation progressive du support papier (chèques, prélèvements, virements et argent circulant d'un point à un autre, c'est-à-dire beaucoup moins de chèques, beaucoup moins d'argent circulant entre agences bancaires, de transport de sommes d'argent). À la place du papier support, il y aura la transmission et l'enregistrement électronique des transactions. En second lieu, l'année 2006 sera l'année où les banques sur le plan interne seront reliées entre elles. La monétique interbancaire sera développée à partir de cette échéance. Il y aura l'installation d'un réseau triangulaire qui reliera la banque, le client et le commerçant. Ce puzzle est en train de se mettre en place à travers l'acquisition d'équipements par les grandes banques. Le troisième volet de la réforme bancaire est le développement de la monnaie électronique. L'année 2006 sera l'année de déploiement de ce réseau. Nous allons multiplier par trois les détenteurs de cartes de retrait, les porter ainsi de 200 000 actuellement à 600 000 au plus tard dans deux ans. Ils auront également des cartes de paiement. Le réseau de commerçants sera relié avant mi-2006. Il y aura 5 000 acceptants de cartes de paiement entre commerçants, hôtels et restaurants (ils seront réglés avec la carte de paiement). Avec le système de paiement de masse, l'encaissement-décaissement du chèque entre agences éloignées ne pourra dépasser 10 jours (entre 1 à trois mois aujourd'hui). Le délai variera entre 24 heures et 10 jours. Les virements seront également plus rapides. Le paiement des factures Sonelgaz, ADE, Algérie Telecom, Mobilis et autres opérateurs GSM sera effectué par les banques à travers un débit automatique sur autorisation du client (finis donc les déplacements et les attentes devant les guichets pour payer toutes ces factures). Les factures seront prélevées à la source sur le compte client à travers un système sécurisé. Qu'en est-il de la modernisation des fonctions bancaires ? Il reste à améliorer la fonction crédit. La tendance est que le crédit est allé aux grandes entreprises. Nous allons vers la diversification de la clientèle, l'élargissement des engagements aux toutes petites entreprises. Le crédit sera élargi à des milliers d'entreprises et des millions de clients. Les outils d'évaluation du risque doivent se développer. Les instruments de contrôle et de recouvrement seront mis en place pour le suivi des impayés, l'échange d'informations instantanées sur les mauvais risques, les mauvais payeurs. Il y aura une centrale pour identifier les mauvais clients et les entreprises qui ne remboursent pas les crédits au sein de la communauté bancaire. Une filiale interbancaire pilotée par la Satim est en projet pour informer les banques de la placer, prévenir le surendettement, suspendre les mauvais payeurs du bénéfice de crédit. Cela fluidifierait le mouvement d'octroi des crédits. Les banques n'auront pas à demander trop de garanties qui font que la réponse à une demande de crédit prend beaucoup de temps. De même, l'octroi des crédits sera décentralisé. Pas besoin de demander l'avis du siège ou des structures régionales pour les engagements. Les banques de la place vont redevenir des banques de financement, des banques de proximité. Les incidents de paiement sont signalés automatiquement à travers toute la place bancaire. En résumé, il y aura un système d'information, d'outils d'évaluation qui permet de contrôler à tout moment les opérations de crédit. Enfin, avec la télécompensation, les délais de traitement des opérations bancaires seront divisés par quatre. N. R.