Coordonnant le déplacement des observateurs de la Ligue arabe, qui tentent de surveiller la situation en Syrie, le régime du président Bachar Al-Assad cherche également à apaiser la tension en libérant hier 775 détenus arrêtés dans le cadre de ces événements. Les observateurs de la Ligue arabe en Syrie devaient se déployer dès hier soir à Deraa, Idleb et Hama, trois bastions de la contestation, ainsi qu'autour de Damas. Le général soudanais Mohammed Ahmed Moustapha Al-Dabi, chef de la mission arabe, a déclaré : “Dès ce soir et jeudi à l'aube, les observateurs vont se déployer à Idleb, Hama, Deraa, et dans un périmètre de 50 à 80 km autour de Damas.” Dans la foulée, il a qualifié de “bonne” la mission des observateurs à Homs, mardi, jour où plus de 70 000 manifestants anti-régime avaient défilé dans un quartier de cette ville contestataire, à 160 km au nord de Damas. Le général Al-Dabi a affirmé qu'il était “en route” pour retourner à Homs. “Nous allons à Homs pour gérer des questions administratives avec les révolutionnaires”, a expliqué le général, affirmant que la mission de la Ligue arabe “œuvrait en faveur de la stabilité et de la sécurité dans la région”. Il a fait état de l'arrivée en Syrie de 16 observateurs arabes supplémentaires, qui ont rejoint les cinquante déjà présents depuis lundi soir pour surveiller la situation sur le terrain. “D'autres observateurs vont arriver progressivement, jusqu'à couvrir toute la Syrie”, a-t-il précisé. Ceci étant, les habitants du quartier de Baba Amro à Homs, haut lieu de la contestation contre le régime syrien, ont refusé que les observateurs de la Ligue arabe entrent dans leur quartier escortés par un officier syrien, a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). “Les habitants ont refusé que les observateurs entrent à Baba Amro en raison de la présence d'un officier de l'armée syrienne. Les habitants leur ont demandé de venir voir les personnes blessées et les parents des martyrs, et non pas des membres du parti Baas”, a expliqué Rami Abdel Rahmane. Le comité des observateurs arabes s'est rendu ensuite dans un autre quartier rebelle de la ville, Bab Sebaa, où le régime avait préparé un défilé de partisans du président Bachar Al-Assad près du barrage Al-Farabi. L'OSDH a dit “craindre que les observateurs arabes ne deviennent les faux témoins des violations des droits de l'homme commises en Syrie”. Les chars qui avaient été retirés des rues de Homs mardi, peu avant l'arrivée des observateurs, “pourront être redéployés en cinq minutes”, a déploré M. Abdel Rahmane, demandant aux observateurs de s'enquérir du sort des dizaines de milliers de personnes arrêtées depuis le début du soulèvement en mars. Comme pour montrer sa bonne foi, particulièrement en cette période où les observateurs de la Ligue arabe sillonnent les villes de Syrie, Bachar Al-Assad a libéré hier 755 détenus “impliqués” dans le soulèvement populaire contre son régime. C'est la télévision publique syrienne qui a annoncé que “755 détenus, impliqués dans les derniers événements en Syrie et qui n'ont pas de sang sur les mains, ont été libérés”. Il faut rappeler que le plan de la Ligue arabe prévoit également la libération des manifestants arrêtés. Au cours du mois de novembre, plus de 4300 personnes arrêtées dans le cadre de la répression ont été libérées par les autorités syriennes. Il n'en demeure pas moins que les associations syriennes de défense des droits de l'homme et l'ONU chiffrent à plusieurs milliers le nombre des personnes arrêtées depuis le début du soulèvement populaire le 15 mars. M. T. / Agences