Ce prénom féminin, d'origine touareg signifie “celle des campements”. Notons tout de suite que ce nom, très répandu parmi les populations berbérophones du Nord, est frappé d'interdiction chez les Touareg qui vénèrent tellement ce personnage au point d'interdire l'usage de son nom, et, pour ne pas l'offenser, ils évitent même de le prononcer. Le verbe dont il est issu, han “se déplacer, changer de campement”, a même été remplacé, dans le parler de l'Ahaggar, par un autre verbe de même sens, djelet. Mais malgré toutes ces interdictions, le nom est resté vivant dans toutes les mémoires, puisqu'il nous est parvenu. La tradition rapporte la venue du Maroc, à une époque immémoriale, dans l'Ahaggar, d'une jeune femme noble, Tin Hinan, et de sa servante, Takama. Le pays était à peu près vide, seuls quelques idolâtres très primitifs, les Isebetten, vivaient dans les monts de l'Atakor. Tin Hinan leur livra la guerre et réussit à les soumettre. Elle devint alors la reine incontestée de l'Ahaggar. Tin Hinan, c'est aussi un monument qui se dresse sur une colline, au-dessus du confluent des oueds Tifirt et Abalessa, au lieu dit Tafarit. Les fouilles, entreprises dès 1925, ont permis de retrouver la cambre funéraire, avec un squelette, avec des bijoux de toutes sortes. L'empreinte d'une pièce en or de Constantin et des analyses au carbone 14 ont permis de situer le personnage au IVe ou au Ve siècle de l'ère chrétienne. Dans son Histoire des Berbères, Ibn Khaldoun nous apprend que l'ancêtre des Houara, auxquels les Touareg sont traditionnellement apparentés par les généalogistes musulmans, s'appelait Tiski la boiteuse. Or, l'analyse de la colonne vertébrale du squelette a révélé, une déformation des vertèbres lombaires et du sacrum. Le personnage était donc affligé d'une infirmité qui devait le faire boiter. Les deux personnages, Tin Hinan et Tiski, ne font peut-être qu'un. Tin Hinan n'est sans doute que le sobriquet et non le nom de la reine de l'Ahaggar. M.A. H (prénoms à expliquer à : [email protected])