Le car est tombé en panne, dans une campagne déserte… Voilà un long moment que le car est immobilisé. Les passagers attendent dans l'espoir de voir arriver un autre car, mais au bout de deux heures, on ne voit rien venir. Comme il commence à faire très froid, certains voyageurs sont remontés. La jeune fille s'est mise à pleurer doucement. Omar s'est approché d'elle. - Courage, lui dit-il. - Mon père doit être inquiet, si seulement je pouvais l'informer de la situation… - Un bus va finir par passer… - À cette heure ? Je ne pense pas… Une femme s'est mise à geindre. - Elle est malade, dit la jeune fille. Elle ne supportera pas le froid de la nuit. - J'ai vu tout à l'heure un panneau indiquant une agglomération… Au lieu d'attendre un hypothétique bus, on aurait dû aller chercher du secours. Il va retrouver le chauffeur et le receveur et leur fait part de sa proposition. - Le village ne doit pas être loin… On pourra téléphoner ! - J'y vais, dit le receveur. - Je vous accompagne, dit Omar. Il monte dans le bus chercher son manteau et la lampe de poche qu'il a toujours dans son cabas. Il murmure à la jeune fille : -Nous partons chercher du secours… La nuit commence à tomber. Les deux hommes s'éloignent. Omar se rappelle bien le panneau qu'il a vu avant que le bus ne tombe en panne. - C'est dans cette direction. - Vous êtes sûr d'avoir bien lu ? - Oui, j'ai une bonne vision et une bonne mémoire… La nuit tombe brusquement. Il y a quelques instants encore, on pouvait apercevoir les arbres et les rochers : mais maintenant tout a sombré dans le noir. Le receveur est inquiet. - Nous allons nous perdre ! - Non, ne vous inquiétez pas… - Allumez au moins votre lampe… - Je préfère économiser les piles ! Ils s'arrêtent au détour d'un sentier. On aperçoit une masse sombre qui se détache. Omar allume sa lampe. - C'est le village ! - Ouf, dit le receveur, je croyais qu'on s'était égaré... - On pourra peut-être téléphoner… Le receveur est perplexe. - Vous avez remarqué, il n'y a aucune lumière… - Les gens doivent dormir… - Ou alors, ils n'ont pas de courant électrique… Il réfléchit. - S'ils n'ont pas d'électricité, ils ne doivent pas avoir de téléphone ! - Nous allons bien voir, dit Omar. (À suivre) G. B.