Le car s'arrête brusquement, en pleine campagne. L'autobus se mit à ahaner comme un vieux qui escaladerait un chemin en pente, il s'arrête, puis sous les coups d'accélérateur du chauffeur fait encore l'effort de rouler. Mais quelques mètres plus loin, il rend son dernier soupir. Le chauffeur a beau s'efforcer, il n'arrive plus à le faire démarrer. Le receveur s'approche de lui. - Des problèmes ? - Je crois que c'est le disque d'embrayage… Omar, assis à l'avant, l'a entendu. Il se redresse, pour s'approcher du chauffeur. - C'est grave ? C'est le receveur qui répond. - Non, non… On va vérifier… Tandis que les deux hommes descendent ouvrir le capot, des voyageurs se lèvent. - C'est la panne ? Omar, à qui on s'adresse, est embarrassé. - Je ne sais pas, je crois que c'est le disque d'embrayage… - C'est réparable ? ça va prendre beaucoup de temps ? La jeune fille qui a posé la question est si désemparée que Omar cherche à la rassurer. - Non, je ne le pense pas ! - On m'attend… - Ne vous inquiétez pas, le chauffeur doit s'y connaître en mécanique. - Vous ne pouvez pas aller demander ? - Bien sûr… Il descend. Il arrive juste au moment où le chauffeur lance un juron : - Le disque est brisé ! Il se redresse, les mains noires de cambouis, les lèvres crispées de colère. - Bien sûr, on nous donne des bus en ruine et on nous envoie au bout du monde ! Ce n'est pas eux, bien calés dans leurs bureaux, qui affrontent les difficultés ! Il aperçoit Omar. - C'est plus grave que vous ne croyiez ? - On va trouver une solution… Omar insiste. - Les voyageurs sont inquiets ! - Ce n'est pas de ma faute ! D'autres passagers descendent de l'autobus. - Alors, vous avez réparé ? - On va repartir ? Un vieux monsieur regarde sa montre. - Il est quinze heures… L'autobus devrait arriver à dix-huit heures… Vous croyez qu'on arrivera à rattraper le retard ? Le chauffeur ne répond pas. C'est le receveur qui tente de rassurer les passagers. - Remontez dans le car, nous allons voir ce qu'il convient de faire ! Tous remontent. La jeune fille qui a interrogé Omar a compris que la panne est grave. -Mon Dieu qu'allons-nous devenir ? (À suivre) G. B.