Résumé : Nazim accepte son sort. Il savait qu'il allait vivre le restant de ses jours avec un visage mutilé, mais cela ne semble pas trop l'affecter. Le Dr Nabil, qui appréhendait sa réaction et reculait le moment de la vérité, est fort surpris par le courage et l'abnégation de son patient.* ému, le médecin lui serre le bras : - Je n'aimerais pas te décevoir Nazim, mais il n'y a plus rien à faire pour toi au niveau des soins médicaux. Nous avons réussi à sauver ce qui pouvait l'être. Et je t'assure que c'est un véritable miracle que tes yeux soient encore intacts. La vue, c'est la vie. C'est un capital inestimable que la Providence a su t'offrir au moment où le reste du visage subissait les dégâts irréversibles des flammes. Nazim se rappelle qu'au moment de l'explosion, il avait instinctivement protégé ses yeux de son bras. D'ailleurs, il en porte encore les séquelles. Quelques cicatrices ornaient l'avant-bras, mais ce n'était rien par rapport au reste. - Vous pouvez m'enlever les pansements docteur. Je sens que plus rien ne pourra m'ébranler. Le médecin le regarde dans les yeux : - Nous sommes de simples êtres humains Nazim. Nous sommes dotés d'une conscience et de sentiments. Tant que nous sommes en vie, nous nous exposons à toutes sortes d'émotions. Nous ne pouvons rien changer à notre destinée. Néanmoins, j'avoue que j'admire ton abnégation… Tu sais te montrer courageux devant ce coup du sort. J'ai déjà vu des malades flancher pour bien peu. Nazim sentit quelque chose se briser en lui. Il venait de repenser à Feriel ! La jeune fille avait quitté l'hôpital depuis plusieurs jours déjà, sans donner signe de vie. Même pas un coup de fil ! Pire que ses blessures physiques et ses brûlures, le jeune homme ressentait une profonde amertume. Il ne comprenait pas la réaction de celle qui était, il n'y a pas si longtemps, prête à partager sa vie et à fonder une famille avec lui. Il ne s'attendait plus à donner une suite à ce projet. Il voulait lui demander de penser à faire sa vie et de l'oublier. Mais elle ne lui en avait même pas donné l'occasion. Il ressentait cela comme un affront et un mépris à son égard. Il se reprend et demande au médecin : - Les cicatrices de mon visage seront-elles très visibles ? - Pas vraiment… Nous avons tenté de “sauver la face”, mais cela mettra beaucoup de temps, les brûlures ne se cicatrisent pas rapidement. Je dirais que le plus grand risque est dépassé. Nous craignions une infection, mais cela ne s'est pas produit. Le médecin avait dit que les brûlures ne se cicatrisaient pas rapidement. Nazim soupire. Les brûlures de l'âme ne se cicatriseront jamais ! - Demain, je t'expliquerai, poursuit le docteur. Quand tu ne seras plus obligé de porter tous ces bandages, tu t'habitueras à exposer ton visage à l'air libre. Cela te paraîtra délicat au début, mais tout rentrera dans l'ordre. La nature a toujours su répondre à nos attentes. Nazim passe le reste de la journée à méditer sur son sort. Il repense à ses projets et à tout ce qu'il devait entamer. Mais tout est tombé à l'eau maintenant.Il sentait ses forces revenir petit à petit, mais il n'était pas encore assez remis pour se lever. D'ailleurs, il va falloir tout d'abord qu'on lui enlève les plâtres. Il repose sa tête sur son oreiller. Sa mère était venue le matin même, et avait évité tout sujet se rapportant à son accident et à ses blessures. Elle lui avait mijoté des plats dont il raffolait d'habitude, mais qu'il ne put apprécier. Sa gorge s'était nouée et parfois il avait l'impression de suffoquer. (À suivre) Y. H.