Pour le chef du MSP, cette sortie du Premier ministre serait “grave” si elle exprimait la position officielle de l'Algérie. À peine une journée après la sortie de Ouyahia invitant le gouvernement islamiste turc à “cesser de faire de la colonisation algérienne un fonds de commerce”, Abou Djerra Soltani, qui vient tout juste de rentrer d'Istanbul, donne la réplique au président du RND. “Si cette sortie de M. Ouyahia exprime la position officielle de l'Algérie, ce sera vraiment grave”, regrette le président du MSP, non sans rendre hommage au gouvernement Erdogan pour avoir mis en avant le “cas algérien” en réponse à la France dont le Parlement vient juste d'adopter une loi pénalisant le déni du “génocide arménien”. “Maintenant, si Ouyahia s'est exprimé en tant que secrétaire général du RND, et que cela n'engage donc que son parti, là on ne peut que respecter sa position libre. Mais, s'il s'est exprimé en tant que Chef du gouvernement et que c'est la position officielle de l'Etat algérien, là ce serait vraiment grave”, a-t-il insisté. M. Abou Djerra Soltani, lors de sa conférence de presse tenue, hier, au siège de son parti à Alger, juge pour sa part “honorable” la position du gouvernement turc qui évoque notre révolution pour se défendre. “Cette révolution est une cause nationale, et lorsque quelqu'un l'évoque positivement on ne doit qu'être fier” a-t-il jugé, tout en jetant cette pique à M. Ouyahia : “Mais pourquoi on a ce complexe ?”. Et de renchérir encore : “Pour nous, celui qui brandit le slogan de revendiquer la repentance de la France coloniale, est le bienvenu.” À la question d'en savoir plus sur le motif de son déplacement à Istanbul, coïncidant avec le contexte international crucial marqué par les révolutions arabes couronnées par la montée islamiste en Tunisie, en Egypte et au Maroc, le président du Mouvement pour la société de paix (MSP) répond qu'il s'agit là d'une “visite ordinaire suite à une invitation d'Erdogan”. “Notre retrait de l'Alliance est une manière de labéliser notre politique” Revenant, par ailleurs, sur l'inévitable question du retrait de son parti de l'Alliance présidentielle, décidé tout récemment par le Conseil consultatif (Madjliss Echoura), M. Soltani a tenté d'expliquer le pourquoi de ce retrait, motivé, selon lui, par différentes variantes. Au-delà des prétextes déjà avancés, dont le refus de ses deux partenaires de l'Alliance d'accepter de promouvoir l'alliance à un “partenariat politique”, ou encore “l'immobilisme de cette Alliance”, M. Soltani puisera son prétexte phare dans le contexte actuel marqué par les réformes politiques engagées par le président de la République. “Si nous avions accepté de rejoindre l'Alliance d'abord, en 2004, c'était pour appuyer la concorde civile décidée alors par le Président, puis de la prolonger en 2006, dans le but d'apporter notre soutien à la Charte de la réconciliation nationale, et, enfin, en 2009, c'était pour compléter cette même réconciliation nationale. Mais, désormais, c'est l'ère des réformes qui est amorcée. Aujourd'hui, nous voulons donner un cachet à notre politique propre à nous (…)”, a-t-il tenté de justifier. Et de réitérer dans la foulée ses accusations contre le FLN et le RND pour avoir, selon lui, presque vidé de leur substance les réformes annoncées. Le MSP est-il de ce fait également en désaccord avec le président de la République ? Voilà une question que M. Soltani a pratiquement esquivée tout au long de sa conférence, en avançant des explications très peu convaincantes sur ce sujet précis. Il s'est contenté de dire seulement que “nous n'avons aucun problème ni avec le Président ni, encore moins, avec nos deux ex-partenaires de l'Alliance ; notre retrait de l'Alliance n'est d'ailleurs pas un divorce orthodoxe.” Pourquoi le MSP n'a pas quitté le gouvernement après son retrait de l'Alliance ? À cette autre question qui s'impose, le leader de ce parti islamiste se réfère aux articles 77 et 87 de la Constitution, lesquels stipuleraient que le gouvernement “n'est pas attaché aux partis politiques”. F.A.