S'engager dans la course pour un second mandat semble constituer un pari risqué pour l'actuel locataire d'El-Mouradia. Ce n'est pas l'avis d'un observateur, mais c'est ce qu'il laisse transparaître lui-même en filigrane, à travers l'entretien qu'il a accordé au quotidien régional L'Echo d'Oran et publié jeudi. Bouteflika semble adopter la posture qui sied à la conjoncture : “Attendre et voir venir”. À la question du journaliste qui l'interrogeait s'il comptait annoncer sa candidature pour bientôt afin de “dissuader (vos) détracteurs qui espèrent, à travers une campagne acharnée, vous pousser à quitter le pouvoir”, Bouteflika a eu cette réponse laconique : “Ce ne sont pas mes détracteurs, comme vous dites, qui me dicteront ma conduite (…).” “J'apprécie les situations et, en temps opportun, je ferai part au peuple de ma décision”, a-t-il ajouté. Cette hésitation tient aussi de la difficulté de dresser un bilan de son règne depuis son investiture en 1999. “Il est encore prématuré de dresser un bilan sur l'état d'avancement de tous les dossiers ouverts au cours de cette période et de tous les chantiers en cours. Ce bilan sera présenté au peuple algérien le moment venu”, a-t-il dit. Toutefois, le Président défend son bilan qu'il suggère positif. “Aujourd'hui, aucune menace ne pèse sur l'Etat républicain et les institutions. Le terrorisme est quasiment vaincu. Le pays renoue avec son élan de développement, l'investissement productif reprend et la croissance est de retour. Le pluralisme et la démocratie se consolident. La concorde civile a tenu ses promesses. D'importantes réformes sont engagées dans des secteurs vitaux, et l'Algérie a repris sa place sur la scène internationale.” Interrogé s'il comptait réagir à “la campagne médiatique menée contre lui par certains groupes d'intérêts et la sortie de Nezzar”, Bouteflika soutient que “c'est le peuple qui réagit en me faisant l'insigne honneur de m'exprimer sa confiance à chaque visite que j'effectue à l'intérieur du pays”, avant d'ajouter, plus loin, en termes à peine allusifs que “c'est par le travail productif (…) et non par l'invective stérile que nous pourrons soutenir la compétition féroce qui s'engage autour de nous à la faveur de la mondialisation”. À propos de la crise qui secoue le FLN, il a implicitement rejeté les accusations selon lesquelles il serait l'instigateur du mouvement de “redressement”. “(…) Ils n'ont pas besoin que quelqu'un les pousse à les assumer s'ils jugent opportun et utile de le faire afin, dit-il, de préserver un parti qui a su résister à la tempête et regagner de nouveau, en 2002, la confiance des Algériens qui s'y reconnaissent majoritairement (…).” Enfin, il a indiqué, par ailleurs, que “c'est l'argent du peuple qui retourne au peuple dans le cadre des lois et des règlements en vigueur”, à propos de l'argent distribué lors de ses fréquents déplacements à l'intérieur du pays. K. K.