Le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Daho Ould Kablia, a de nouveau exprimé ses craintes concernant un fort taux d'abstention aux prochaines élections législatives, qui sont prévues en mai 2012. Invité hier par la rédaction de la radio Chaîne III, le ministre a avoué que l'abstention “est une crainte qui le hante”, rappelant que “le scrutin des élections législatives de par le passé n'a pas mobilisé grand monde”. Plus précis à propos des dernières élections législatives du 17 mai 2007, M. Ould Kablia a indiqué que ce scrutin “est celui où il y a eu le plus fort taux d'abstention”. Il a, cependant, émis des doutes sur une victoire islamiste en Algérie, estimant qu'“il ne fallait pas vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué”. Contrairement au chef islamiste du MSP, Abou Djerra Soltani, qui, lui, est persuadé du triomphe des “ikhwane” (frères) aux prochaines élections, les propos du ministre rejoignent ceux d'Ahmed Ouyahia, secrétaire général du RND et néanmoins Premier ministre. Le 8 janvier dernier, ce dernier avait déclaré, lors d'une conférence de presse animée à l'issue des travaux de la 5e session du Conseil national de sa formation : “Nous ne redoutons pas les islamistes, mais l'abstention.” Pourtant, en prévision des prochaines législatives, M. Ouyahia avait adopté la même attitude que Daho Ould Kablia, en affichant ses craintes non pas vis-à-vis des islamistes, mais par rapport au phénomène de l'abstention. Mais, alors qu'Ahmed Ouyahia demandait aux démocrates de se mobiliser pour faire barrage à la montée des islamistes, le ministre de l'Intérieur, pour sa part, a interpellé les partis politiques, les invitant à choisir des candidats crédibles, pour pousser les Algériens à se présenter dans les bureaux de vote. Selon lui, les citoyens risquent de s'abstenir s'ils jugent que “les candidats choisis ne correspondent pas” à leurs aspirations. L'invité de la Chaîne III a également abordé la question de la fraude, répondant ainsi à certaines formations politiques qui, à l'exemple du RCD, brandissent déjà la menace du boycott aux législatives de 2012, sous prétexte que celles-ci “n'échapperont pas à la traditionnelle répartition des quotas décidée par les officines”. Même s'il a admis qu'il pourrait y avoir des dépassements mineurs, qui pourraient alors faire l'objet de plaintes et de recours, le ministre a laissé entendre que tout sera fait pour lutter contre la fraude, lors du prochain scrutin. Il a aussi écarté l'éventualité d'un raz-de-marée islamiste en Algérie, estimant que de son “point de vue” notre pays est “une exception” dans la région. À l'heure des conversions des Printemps arabes en printemps islamistes, M. Ould Kablia a tenu à préciser que “personne ne peut se mettre à la place du peuple (algérien) pour dire vers quelle direction va se porter son choix”, ajoutant plus loin : “L'électeur algérien connaît bien son monde. La comparaison avec d'autres pays n'est pas aussi probante. L'Algérie a ses spécificités, ses valeurs sociétales qui ne ressemblent pas forcément à ce qui existe ailleurs où les votes ont sélectionné des politiques plutôt que des valeurs.” H. A