Mohamed El-Baradei, ancien chef de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), a annoncé, hier dans un communiqué, qu'il ne serait pas candidat à l'élection présidentielle en Egypte. “Ma conscience ne me permet pas de présenter ma candidature à la présidence ou à tout autre poste officiel tant qu'il n'y a pas de véritable démocratie”, a-t-il affirmé, ajoutant que “l'ancien régime n'est pas tombé”, en allusion à la chute en février dernier du président Hosni Moubarak sous la pression de la rue. Le pouvoir est, depuis, aux mains du Conseil suprême des forces armées (CSFA), dirigé par le maréchal Hussein Tantaoui, qui fut pendant vingt ans ministre de la Défense de M. Moubarak. L'armée a promis de rendre le pouvoir aux civils à l'issue d'une élection présidentielle prévue au plus tard fin juin, mais nombre d'Egyptiens l'accusent de vouloir préserver ses privilèges et continuer d'influencer la vie politique. “Nous avons tous le sentiment que l'ancien régime n'est pas tombé”, ajoute M. El-Baradei, prix Nobel de la Paix en 2005, dans son communiqué. “Les capitaines du navire (...) continuent de naviguer dans les mêmes eaux qu'autrefois, comme si la révolution n'avait pas eu lieu.” M. El-Baradei était revenu en Egypte en 2010, après une longue carrière internationale, pour se placer résolument dans l'opposition à M. Moubarak. Depuis la chute de ce dernier, il est devenu une des figures les plus en vue de la mouvance libérale et laïque, favorable à l'instauration d'un système politique démocratique. Cette tendance a toutefois été largement battue aux élections législatives qui viennent de se clore, marquées, selon des résultats provisoires, par une forte domination des islamistes de toutes tendances, qui remporteraient quelque 70% des sièges de députés. R.I./Agences