Objectif - Plusieurs milliers d'Egyptiens occupaient encore ce mercredi matin la place Tahrir au Caire pour réclamer le départ au plus vite des militaires. Le maréchal, chef d'Etat de fait, s'est engagé dans un rare discours la veille à organiser une élection présidentielle avant la fin de juin 2012 et s'est dit même prêt à remettre le pouvoir tout de suite en vertu d'un référendum. Mais beaucoup d'Egyptiens qui ont manifesté par dizaines de milliers hier mardi et aujourd'hui mercredi campent sur la place Tahrir pour exprimer leur refus de cette offre, affirmant ne pas croire un mot aux paroles du maréchal, ministre sous l'ancien régime et qu'ils assimilent désormais au Président déchu Hosni Moubarak. «Tantaoui, c'est Moubarak copié collé. C'est Moubarak en tenue militaire», assurent les manifestants. Lors du soulèvement historique qui a renversé l'ex-Président en février, la foule avait occupé en permanence l'emblématique place Tahrir, dans le centre de la capitale, réclamant inlassablement le départ de celui qui a régné pendant trente ans sur l'Egypte. Chaque discours de Moubarak attisait davantage la colère des manifestants jusqu'à ce qu'il se voie obligé de quitter le pouvoir le 11 février dernier. La détermination de la rue, qui a déjà provoqué la démission du gouvernement mis en place par le pouvoir militaire, laisse présager un bras de fer de longue durée, alors que les premières législatives depuis la chute de Moubarak doivent débuter dans cinq jours, le 28 novembre prochain. «Une deuxième révolution», titrait ce mercredi matin le quotidien Al Akhbar. «La plus dangereuse chose qui puisse arriver est la détérioration de la relation entre le peuple et l'armée», met en garde le journal. L'armée s'est déjà engagée ces derniers mois à remettre le pouvoir aux civils une fois élu un nouveau Président. «L'armée ne veut pas le pouvoir», a assuré le maréchal Tantaoui dans une allocution télévisée. Il a finalement accepté la démission remise la veille, du gouvernement du Premier ministre Essam Charaf, nommé par le conseil militaire en mars dernier pour gérer les affaires courantes. Il n'a toutefois pas annoncé le nom du prochain Premier ministre. Ces annonces ont été faites à l'issue d'une réunion du CSFA avec plusieurs mouvements politiques, dont les influents Frères musulmans, pour chercher une issue à la crise. Le CSFA a évoqué durant cette réunion la possibilité de nommer l'ancien chef de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Mohamed El Baradei, comme nouveau Premier ministre, a affirmé une source militaire, mais cette hypothèse n'a pas été confirmée. El Baradei a, lui, dénoncé un «massacre» sur la place Tahrir, en accusant les forces de sécurité d'utiliser «des gaz lacrymogènes contenant des agents innervants».